Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement?

Théâtre de la Connaissance, 5ème édition

Pour sa cinquième édition, menée par l’Institut d’ethnologie, le Théâtre de la Connaissance aborde le thème de la place de l’agriculture et des agriculteurs dans la société suisse d’aujourd’hui. Il inclut une collaboration autour de la pièce de théâtre-documentaire de la Production d’Avril, écrite et mise en scène par Isabelle-Loyse Gremaud : Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement ?, qui sera jouée les 2 et 3 octobre au Théâtre populaire romand, à la salle Beau-Site de La Chaux-de-Fonds, et le 2 novembre à la Grange aux Concerts de Cernier

Le processus de création de cette pièce, jouée pour la première fois à Fribourg au printemps 2019, a été accompagné, par l’anthropologue Jérémie Forney, en lien avec ses activités de recherche et d’enseignement à l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel.

Les représentations en terres neuchâteloises de cet automne seront accompagnées d’événements publics, notamment en lien avec les travaux d’étudiant-e-s sur le sujet, et l’implication d’acteurs locaux.


Concept

Les Agriculteurs sont des intermédiaires évidents de nos rapports à l’environnement et à l’alimentation, deux domaines essentiels à la vie humaine et à nos sociétés, profondément politisés et emprunts d’enjeux multiples : santé, écologie, économie, identité… En conséquence, les agriculteurs sont l’objet d’innombrables attentes et attentions, soutiens et pressions. La paysannerie est depuis longtemps un réservoir de symboles et d’images mobilisés à tour de rôle par les politiciens et idéologues, les spécialistes du marketing, les militants de causes diverses, ainsi que des créateurs culturels. Aux yeux des citoyens, les agriculteurs d’aujourd’hui endossent de nombreux costumes qui reflètent davantage les fantasmes de retour à la nature, les frustrations identitaires, ou les mécontentements politiques, que la réalité de leur profession. En Suisse, ces dernières années, on a vu exploser le nombre de mouvement sociaux et d’initiatives politiques qui se saisissent chacun à leur manière de la question du devenir de la production alimentaire dans notre pays : sécurité, souveraineté, équité, à corne et sans pesticides.

Le projet de théâtre de la connaissance, édition 2019, entend contribuer à l'effort créatif et citoyen sur le rôle de l'agriculture dans notre société. Plus spécifiquement, il entend développer une discussion autour de la figure du paysan et de son image. Pour ce faire, il a articulé un projet de création théâtrale, des travaux de recherche universitaire et des événements et débats publics. Il s'est concrétisé par une série d’événements ayant lieu à l’automne 2019 sur terre neuchâteloise.

Les trois dimensions du projet : création théâtrale, recherche et autour du spectacle

Le projet théâtral

« A travers les interviews et témoignages recueillis auprès de paysans, nous désirons créer un spectacle afin de mieux connaître ce qui nous unit et/ou ce qui nous sépare du monde agricole. Quels liens avons–nous gardé ? Il y a encore une cinquantaine d’années, beaucoup de personnes cultivaient un petit lopin de terre. Certains citadins avaient même quelques poules, quels lapins pour subvenir à leurs besoins. En quelque sorte, chacun était responsable du contenu de son assiette. Par ce biais, nous avions un vrai lien avec la terre nourricière. Ce lien, nous l’avons pratiquement perdu. Nous connaissons peu ou très mal les agriculteurs. Bien sûr, nous n’en sommes pas complètement coupés puisque fréquemment nous entendons parler de leurs difficultés à joindre les 2 bouts, du prix du lait, de suicides, de la génomique, de la nécessité de faire du bio etc…etc… Mais entendons-nous vraiment leurs voix ? Avec cette création, nous aimerions leur offrir un espace de parole, rendre hommage au travail qu’ils ont fait et qu’ils font chaque jour pour nourrir l’humanité. Ce spectacle est en quelque sorte une enquête théâtrale, certains parleraient de théâtre documentaire. Personnellement, je n’ai pas encore trouvé l’AOC convenant le mieux à mon travail théâtral. » (Isabelle Loyse-Gremaud).

L’ancrage dans la recherche

L’apport de la recherche universitaire s’est fait dès les premières étapes de création de la pièce, par l’intégration au projet de Jérémie Forney, professeur assistant à l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel et spécialiste du monde agricole. L’ethnologue a encadré le processus de collecte des entretiens et nourri la réflexion générale. Il a participé également à l’organisation des premiers débats fribourgeois. De même, le dialogue avec Isabelle-Loyse Gremaud et l’exercice de création sont venus nourrir les analyses et réflexions qu’il développe depuis plus de 15 ans sur les évolutions et transformations des milieux agricoles en Suisse et ailleurs.

Dans un deuxième temps, et dans le cadre du cours d’anthropologie thématique « Environment and Food systems » donné l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel, un groupe d’étudiant-e-s s’est attaché à construire une réponse à la pièce, par une mini recherche dans la région neuchâteloise. Leurs travaux seront présentés sous forme d’une petite exposition en marge de la pièce, pour offrir un contre-regard stimulant.

Autour du spectacle

Divers événements sont organisés en marge des représentations : table-rondes, discussion avec la troupe, expositions… Ces moments d’échange et de débat font partie intégrante de l’événement Théâtre de la Connaissance. Ils sont là pour construire des ponts et susciter curiosité et réflexion. Ils sont aussi l’occasion de stimuler les collaborations entre le monde universitaires, la société locale et le public. Ainsi, cette édition du théâtre de la connaissance s’est construite avec le soutien et la collaboration de divers acteurs régionaux : Bio Neuchâtel qui fête ses 25 ans d’existence, La Chambre Neuchâteloise d’Agriculture et de Viticulture, la Société des Alumni de l’Université de Neuchâtel, le groupe d’étudiant-e-s en ethnologie « Anthr’autres » qui organisera un anthropo’café en lien avec la thématique.

Pour le détail des activités organisées dans le cadre du Théâtre de la Connaissance 2019 voir programme.


Programme

  • 2 et 3 octobre 2019, 19h15, Théâtre populaire romand, Beau-Site, La Chaux-de-Fonds
  •  2 novembre 2019, 20h00, Evologia, La Grange aux Concerts, Cernier (représentations sous l’égide de Bio Neuchâtel)

La pièce d’Isabelle-Loyse Gremaud « Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement ?» relève du théâtre-documentaire. Elle a été conçue sur la base d’entretiens avec des agriculteurs de Suisse romande qui nous parlent de leur métier, de leur quotidien, de leurs aspirations et du regard que posent « le citadin » sur leur profession. Elle a été écrite par Isabelle-Loyse Gremaud puis mise en scène et créée par la Compagnie D’Avril au théâtre Nuithonie (Fribourg) en mars 2019. A cette occasion un premier débat public sera lancé par l’organisation d’une table-ronde autour du propos de la pièce.

Env. 1h20

« Il y a cent ans, on travaillait pour se nourrir. La part du budget consacrée à la nourriture pour une famille d’ouvriers s’élevait à 45% en 1912. Aujourd’hui, les dépenses alimentaires ne représentent plus que 6,5%. La part la plus importante du ménage est consacrée aux assurances, au logement et aux loisirs. » (Anne Philipona, « Histoire du lait de la montagne à la ville »).

A l’heure où l’on s’échine à lire les étiquettes des produits que l’on achète au supermarché, à digresser sur le local, le bio et l’huile de palme, quel lien avons-nous gardé avec la terre nourricière ? Comment nos paysan.ne.s vivent les trans-formations de leurs activités ? Parviennent-ils encore à vivre de l’exploitation de leurs terres ? Et dans quelles conditions ?

Qui sont-ils ? Qui sont-elles ? Savons-nous les entendre ?

Basé sur des témoignages récoltés auprès d’agriculteurs romands, Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement ? replace le paysan au milieu du village global et tente de retisser le lien entre notre société et celles et ceux qui nous nourrissent. Un spectacle plus que jamais en phase avec les préoccupations éco-logiques actuelles.

  • Mise en scène : Isabelle-Loyse Gremaud
  • Assistanat à la mise en scène : Emilie Bender
  • Avec Emilie Bender, Isabelle-Loyse Gremaud, Olivier Havran, Jean-François Michelet, Camille Piller, Vincent Rime
  • Scénographie : Isabelle-Loyse Gremaud, André Jeker
  • Lumière :David Da Cruz
  • Musique : Alain Monod-Al Comet
  • Décors :Martial Lambert
  • Costumes :Anne Marbacher
  • Vidéo : François Gremaud
  • Récolte témoignages : Emilie Bender, Isabelle-Loyse Gremaud, Yann Guerchanik, Florence Michel
  • Production :Cie Production d’Avril
  • Coproduction : Equilibre-Nuithonie, Fribourg, Les productions HORS CASES
  • Soutiens : État de Fribourg, Loterie Romande, Canton du Valais, Agglo Fribourg, Bluefactory Fribourg/Freiburg, Huggler Holzbildhauerei Brienz


Autour du spectacle

Le Théâtre de la connaissance propose plusieurs interventions autour du spectacle permettant de se questionner et de porter un regard neuf sur l’agriculture d’aujourd’hui (et de demain ?).

Tables-rondes et discussions publiques

Chaque représentation sera suivie d’un moment d’échange sous forme d’une table-ronde thématique ou d’une discussion avec la troupe.

  • 2 octobre (TPR Beau-Site, dès 20h30) : Table-ronde « Mettre en scène l’agriculture : entre vécu et symbole » avec Isabelle-Loyse Gremaud, Stéphane Goël (réalisateur) et Grégoire Mayor (codirecteur MEN)
  • 3 octobre (TPR Beausite, dès 20h30) : Table-ronde « Quelle agriculture pour demain ? » avec notamment Gilles Aeschlimann (directeur de l’Ecole des Métiers de la Terre et de la Nature), Nicolas Oppliger (fondateur de Yes we farm), Danielle Rouiller (agricultrice, comité Bio Neuchâtel)
  • 2 novembre (Grange aux concerts, Cernier) : Bord de scène avec la Production d’Avril
  • Anthropo’café (organisé par Anthr’autres) : informations à venir

Expositions

Deux expositions animeront le foyer des théâtres :

  • « BORNES », un travail photographique de Jean-Paul Guinnard
  • « Regards croisés sur l’agriculture d’aujourd’hui et de demain », exposition imaginée par des étudiant-e-s de l’Institut d’ethnologie, comme réponse indirecte à la pièce


Avec le soutien de:

  • Chambre neuchâteloise d'agriculture et de viticulture
  • Bio Neuchâtel
  • Anthr'Autres
  • Société des Alumnis
  • MAPS - Maison d'analyse des processus sociaux
  • Théâtre populaire romand