L’Université de Neuchâtel (UniNE) célèbre ce vendredi 12 septembre le 30e anniversaire du Forum suisse pour l’étude des migrations et de la population (SFM). L’occasion de revenir sur trois décennies de recherche en faveur des questions liées à la migration, au cœur d’un institut né à l’UniNE, mais dont la portée d’étend au-delà des frontières nationales.
Fondé à l’UniNE en 1995, le SFM fête aujourd’hui ses 30 ans d’existence. Dépassant les frontières de sa discipline, l'institut est au fil du temps devenu un centre d'expertise pour toute question de migration, de mobilité et de citoyenneté. Alors que la thématique de la migration reste fortement politisée en Suisse, et ce dans diverses directions, entre marché de l’emploi, santé publique et inclusion sociale, le SFM a pour but de pragmatiser la discussion et de fournir une «expertise robuste». Son directeur Gianni D’Amato le décrit comme «une passerelle entre la science, l’administration et la société civile».
Les migrations, une thématique centrale à Neuchâtel
A l’origine, le Forum voit le jour dans la région pour bénéficier de la proximité de l’Université avec le Service suisse d’information et d’archivage de données en sciences sociales (SIDOS) et avec l’Office fédéral de la statistique (OFS). Trente ans plus tard, le SFM positionne Neuchâtel comme un lieu propice à la recherche sur les enjeux des migrations, qui constituent désormais un domaine phare de l’Université. Le Master avec pilier de spécialisation «Migration et citoyenneté» et le Bachelor avec spécialisation en «Science politique» assurent une formation de qualité au sein de la Faculté des Lettres et sciences humaines (FLSH). Ces formations attirent les étudiant-e-s s’intéressant aux questions de mobilité, mais aussi d’inclusion politique en Suisse. Le SFM coordonne également le programme européen EuMIGS qui promeut la mobilité et l’apprentissage international au sein de neuf institutions partenaires et débouche sur un double diplôme de Master. Gianni D’Amato se dit «fier de pouvoir offrir cette opportunité aux étudiant-e-s de l’UniNE».
Interdisciplinaire et international
L’institut est affilié à la Maison d’analyse des processus sociaux (MAPS) qui favorise les échanges interdisciplinaires dans la recherche en sciences sociales. En 2013 est par ailleurs né le «National Center of Competence in Research for migration and mobility studies», ou «nccr – on the move». Ce pôle de recherche dirigé par le directeur du SFM Gianni D’Amato favorise la collaboration inter-universitaire en Suisse autour des questions de mobilité. Dans une continuité des activités du SFM, le «nccr – on the move» a permis d’investir d’autres expertises et de développer la relève, notamment avec la création d’un programme doctoral exclusif. L’institut joue aussi un rôle de représentation de l’UniNE en Suisse et à l’international, lors de programmes de recherche ou de dialogues coopératifs.
«Que peut et doit faire la recherche sur les migrations?»
Les intervenant-e-s invité-e-s pour la table ronde de ces 30 ans cherchent à définir les apports de leur travail sur la société d’aujourd’hui. La question est ouverte à des spécialistes de l’UniNE, notamment Anita Manatschal, modératrice de la discussion. Pour elle, la recherche sur les migrations, basée sur des chiffres et analyses fiables, paraît plus cruciale que jamais à une époque polarisée, souvent qualifiée de «post-factuelle». Les données statistiques mettent ainsi en lumière certains aspects de la migration occultés par la perception publique. Les analyses politologiques et sociologiques permettent de formuler des recommandations aux politiques publiques sur la base d’évaluations, tandis que les études démographiques quantifient l’importance de la migration pour la croissance économique actuelle, notamment à l’heure du vieillissement de la population. Enfin, les approches critiques et réflexives invitent à interroger le façonnement de la perception de la migration comme une menace plutôt que comme une opportunité au sein des discours publics.