Les écosystèmes alpins subissent un taux de réchauffement deux fois plus élevé que la moyenne. Très sensibles aux augmentations de température ils subissent déjà des changements : embuissonnement accrût, phénologie précoce, changements de composition et distribution des espèces. Ces dynamiques sont visibles, induites (pâture, déprise agricole ou gestion forestière) ou supportés par les communautés. On ne peut pas dissocier les écosystèmes alpins des relations homme-nature et leurs évolutions.
Ce mémoire combine approche scientifique et dialogue avec les acteurs de la vallée de l’Entremont (VS). Un « world café » a réuni agriculteur·ice·s, forestier·ère·s, apiculteur·ice·s, responsables touristiques et politiques. Leurs observations et préoccupations ont orienté les questions de recherche, dont l’embuissonnement est ressorti comme enjeu central. Deux arbustes structurants les paysages ont été étudiés, Rhododendron ferrugineum et Salix helvetica, en comparant des individus soumis depuis 30 ans à un réchauffement expérimental passif (serres ITEX) avec des témoins. Trois axes ont été explorés : phénologie, croissance radiale (dendrochronologie) et décomposition de la matière organique dans le sol. Nous hypothésions une croissance et une phénologie accélérées dans les serres, ainsi qu’une décomposition accrue sous réchauffement.
Les résultats confirment l’impact du réchauffement climatique mais contredisent certaines hypothèses : la croissance annuelle augmente fortement mais davantage chez les témoins que dans les serres, suggérant une limitation en ressources ou des changements morphologiques. La décomposition s’accroît sous serres, suggérant une biomasse microbienne plus élevée et la phénologie n’est pas impactée. Ces réponses contrastées soulignent l’hétérogénéité des dynamiques alpines et relève des implications pratiques : entretien future accru des pâturages et sentiers, rôle ambivalent de l’embuissonnement entre stabilisation des sols et fermeture des paysages.