Que nous apprennent les circuits de rencontres et d’échanges se déclinant au travers des musiques et des danses entre les villes d’Afrique et d’Europe ? Cette leçon réfléchira à quelques paradoxes mis en lumière par l’étude de ce domaine, comme la concomitance entre un goût renouvelé pour les esthétiques urbaines africaines dans les villes européennes, et des politiques migratoires perpétuant l’altérisation des subjectivités noires et transformant la Méditerranée en théâtre d’atrocités maritimes. J’aborderai ces questions en discutant de la potentielle portée heuristique du concept de Méditerranée noire pour analyser conjointement les migrations, fertilisations culturelles et conversations postcoloniales qui se jouent entre certaines villes européennes et africaines par le canal des musiques et des danses populaires. Je partirai de l’exemple du champ hétérogène des « danses africaines » en France et en Suisse romande pour explorer la façon dont des marchés, des identifications et des genres musico-chorégraphiques s’inventent au travers de circulations entre différents bords de la Méditerranée.