Un outil informatique mis au point par une équipe de recherche de l’Université de Neuchâtel (UniNE), dont le professeur Etienne Piguet, permet de visualiser les demandeuses et demandeurs d’asile, y compris les bénéficiaires d’un statut de protection temporaire. Cette récente amélioration est particulièrement pertinente, notamment dans le contexte actuel d’afflux de réfugié-e-s ukrainien-ne-s. Cela pourrait constituer une base de discussion autour d’une politique d’asile commune à l’échelle de l’Union européenne. 

La Suisse sera associée au nouveau Pacte européen sur l’asile. Le Conseil fédéral en a décidé ainsi en août dernier (1). A travers ce nouvel accord, l’Union européenne prévoit de rendre son système de migration et d’asile plus efficace, plus résistant aux crises et plus solidaire. En tant qu’associée à Schengen/Dublin, la Suisse participera à cette réforme dans certains domaines. Une meilleure répartition des responsabilités d’accueil pourrait être un volet de ce pacte.

Des critères clairs et combinables

« La politique européenne en matière d’asile a encore beaucoup à faire pour mieux répondre aux défis de la protection », écrit sur le blog du nccr - on the move Etienne Piguet, professeur de géographie des mobilités à l’UniNE et chef de projet de ce pôle national de recherche, pour les phases I et II. Intégrer les informations fournies par l’outil développé par ce pôle de recherche peut permettre, par exemple, une répartition plus équitable des responsabilités entre les Etats membres. En effet, l’instrument Fair Share (2) présente de nouvelles données et visualisations, qui montrent comment pourraient être améliorés à la fois le partage des responsabilités et les mécanismes de solidarité entre les Etats membres.

La force de Fair Share réside dans le fait qu'il permet d’établir, selon différents critères clairs et combinables entre eux, si un pays accueille plus ou moins de personnes qu'il ne le « devrait ». Les critères en question vont de la taille du pays, à la richesse de celui-ci, en passant par le taux de chômage, ou encore le PIB du pays d’accueil. Fair Share ne décide pas de ce qui est « juste », mais fournit des données factuelles, qui permettent une discussion et une négociation éclairées. 

Permettre le dialogue entre recherche et politique

« Fair Share permet de mener un débat dépassionné », complète Etienne Piguet. Selon lui, nous nous situons actuellement à un moment charnière, non seulement pour la politique d’asile en Europe, mais aussi pour la recherche sur cette thématique. On observe, de plus, une tendance au repli nationaliste dans un certain nombre de pays. Dans ce contexte, Fair Share entend, modestement, permettre de stimuler un dialogue entre recherche et politique en matière d’asile.

Fair Share

L’outil a été imaginé en 2014, avec la volonté de représenter la question de l’asile à l’échelle européenne. Durant un long processus de développement, Andreas Perret, le spécialiste de la gestion des données et des visualisations du nccr - on the move, a travaillé au développement d’un instrument véritablement interactif et actualisé constamment. Aujourd’hui pleinement fonctionnel, Fair Share permet non seulement une analyse, mais aussi une base de discussion politique.  

A propos du « nccr – on the move »

Le « nccr – on the move » est le pôle de recherche national (PRN) consacré aux études sur la migration et la mobilité. Son objectif est de mieux comprendre les phénomènes liés à l’interaction entre migration et mobilité en Suisse et au-delà. Il réunit des domaines de recherche relevant des sciences sociales, de l’économie et du droit. Géré par l’Université de Neuchâtel, le nccr – on the move est actuellement dans sa troisième phase (2022 – 2026). Le pôle comprend onze projets de recherche conduits dans huit universités suisses : les universités de Bâle, Genève, Lausanne, Neuchâtel, ainsi que l’EPF de Zurich, le Graduate Institute de Genève, la Haute école spécialisée de la Suisse occidentale et la Haute école zurichoise de sciences appliquées.

L’outil de visualisation Fair Share fait partie d’un ensemble plus large d’indicateurs sur la migration et la mobilité, disponibles sur le site:

• nccr-on the move 

(1) Le Conseil fédéral a décidé d’adopter les règles de l’UE (sur le pacte européen migration et asile), sous réserve des exigences constitutionnelles, et a lancé une consultation sur leur mise en œuvre, ouverte jusqu’au 14 novembre 2024
(2) Fair Share:

• Tableau Public