La lutte biologique constitue une alternative écologique et durable aux pesticides en mobilisant les prédateurs naturels des ravageurs des cultures. Le potentiel de nématodes entomopathogènes (vers insectivores présents dans le sol) a été démontré contre la chrysomèle des racines du maïs Diabrotica virgifera virgifera, un redoutable ravageur originaire d’Amérique accidentellement introduit en Europe dans les années 1990. Ces nématodes sont attirés par un composé volatile spécifique, le (E)-β-caryophyllene, émis par les racines de la plante lorsque celles-ci sont dévorées par la larve du ravageur. Ce système de défense indirecte du maïs est aujourd’hui bien connu. Pourtant, bien que ces interactions aient lieu sous terre, on ignore si et comment la faune du sol – en l’occurrence les vers de terre – contribue à ces interactions entre plante, insecte herbivore et prédateur insectivore.
Symbole de fertilité du sol, le lombric en constitue l’architecte par excellence en transformant physiquement et chimiquement cet écosystème comme nul autre organisme. Pour comprendre si les lombrics influencent la capacité des nématodes à localiser le ravageur, une première expérience a été réalisée en mésocosmes au Jardin Botanique de Neuchâtel et a révélé que l’efficacité des nématodes était doublée en leur présence. Des expériences ont été ensuite menées en laboratoire afin d’étudier l’impact des vers de terre sur la production de (E)-β-caryophyllene par le maïs et sur la réponse des nématodes au volatile. Il en ressort que la sensibilité des nématodes à ce composé était deux fois plus élevée lorsque les vers de terre avaient travaillé la terre. De plus, l’émission du volatile a été stimulée par le mucus du ver de terre bien que l’attraction des nématodes n’ait pas suivi. L’ensemble des résultats suggère que les vers de terre stimulent le potentiel des nématodes entomopathogènes en tant qu’agents de lutte biologique contre les ravageurs des racines du maïs.
Un article scientifique issu du travail de mémoire de Mme Fattore a été publié dans Scientific Reports (Nature): consulter l'article