9 avril 25

Le haricot, un allié précieux pour une agriculture durable

Communiqué de presse

Des biologistes de l’Université de Neuchâtel ont publié deux études sur l’impact écologique du haricot dans l’agriculture. La première révèle que le nectar qu’il produit contribue indirectement à la bonne santé de plants de maïs cultivés à proximité. La seconde indique que certaines bactéries du sol, si elles sont en contact avec les racines du haricot, favorisent l’appétit de larves herbivores souterraines. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle.

Le haricot Phaseolus vulgaris constitue une source de nourriture précieuse à l’échelle mondiale, d’où l’intérêt d’envisager sa culture dans une perspective la plus durable possible. Tel est l’objectif d’un groupe de recherche de l’Université de Neuchâtel dirigé par Betty Benrey, professeure de biologie officiellement à la retraite, mais encore à la tête de projets dont émanent les deux dernières études en date.

La première, menée par le post-doctorant Patrick Grof-Tisza, a pour contexte la milpa, un système de culture mixte originaire de Méso-Amérique. Elle combine sur une même parcelle des plants de haricot, de maïs et de courge, afin d’améliorer la lutte naturelle contre les parasites grâce à des interactions entre ces trois plantes. Betty Benrey et ses collègues ont ainsi découvert que le nectar extrafloral (EFN) produit par Phaseolus vulgaris nourrit des guêpes parasitoïdes qui vont pondre des œufs dans une chenille ravageuse du… maïs poussant dans son voisinage.

De plus, des substances volatiles d’origine végétale (HIPV) dont la production est déclenchée par des insectes herbivores du maïs ont pour effet d’augmenter encore la sécrétion d’EFN, formant un cercle vertueux de défense des plantes. «Ces résultats révèlent une nouvelle stratégie de résistance associative qui pourrait guider le développement de systèmes de culture durables avec une meilleure suppression des ravageurs», souligne Betty Benrey.

Une part d’ombre

Quant au deuxième résultat, il provient d’une étude conduite par le doctorant Camilo Rivera. Son travail porte sur les racines du haricot et une relation mutualiste avec une bactérie en apparence bénéfique. Mais en apparence seulement. Car la symbiose de la plante avec le rhizobium, une bactérie du sol connue pour aider les racines à fixer de l’azote, un nutriment primordial des végétaux, a sa part d’ombre. En effet, cet apport accru d’azote forme des nodules dans les racines qui attirent davantage de larves herbivores ravageuses Diabrotica balteata. 

«Les larves préfèrent non seulement les racines nodulées, mais leur croissance et leur survie sont également améliorées lorsqu'elles s'en nourrissent», précise la professeure de biologie. Une analyse chimique a montré que les composés organiques volatils émis par les racines nodulées signalent probablement une valeur nutritionnelle plus élevée, ce qui oriente la préférence des larves. 

Systèmes résilients

Mais tout espoir n’est pas perdu pour le haricot. «En effet, note Betty Benrey, certaines études suggèrent que les plantes pourraient compenser cette vulnérabilité en modulant leurs émissions des substances de façon à attirer d'autres microbes bénéfiques, ainsi que des ennemis naturels du ravageur, capables de limiter les dégâts.»

Tous ces travaux réunis mettent en lumière l’incroyable complexité des interactions qui existe entre plantes, organismes microscopiques et insectes herbivores. Autant de connaissances précieuses pour qui cherche à développer des systèmes agricoles plus résilients.

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