Le réchauffement des températures influence, directement et indirectement, une multitude de facteurs qui contribuent au recul de la pratique du ski chez les jeunes de l’Arc jurassien. Pour son mémoire de master, Alan Steiner, étudiant en géographie et sport, s’est intéressé à l’articulation du climat avec les enjeux sociaux, culturels et économiques entourant ce sport d’hiver.
Alan Steiner a encadré de nombreux camps de ski avec des classes de l’Arc jurassien en parallèle de ses études en géographie et sport. Son travail de master part donc d’une observation de terrain: l’impression que les jeunes ont tendance à skier de moins en moins. Sa recherche confirme que le changement climatique impacte directement la pratique de ce sport d’hiver chez les jeunes: les températures augmentent, l’enneigement diminue, les jours d’ouverture des stations régionales sont en baisse, et les jeunes peuvent de moins en moins s’élancer sur les pistes.
Mais les résultats montrent aussi que le changement climatique influence indirectement d’autres facteurs: les coûts, la culture du ski, les infrastructures et l’intérêt des jeunes pour ce sport. En effet, les frais paraissent plus lourds, car le matériel et les abonnements sont moins utilisés ; la culture du ski se perd, puisque les enfants ont peu l’occasion d’apprendre et de progresser; les domaines skiables sont fragilisés suite au manque de neige et les infrastructures s’appauvrissent; l’intérêt et la motivation des jeunes diminue, car ils et elles connaissent et maîtrisent finalement assez peu ce sport.
Perspectives pratiques
Ce travail souligne l’importance des petits domaines skiables de l’Arc jurassien. Ces derniers semblent essentiels à l’initiation de la pratique du ski des enfants et à la progression des plus grands. Or, ces stations de proximité sont particulièrement vulnérables face à la situation climatique. Ainsi, leur fragilité menace non seulement les pratiques régionales, mais également la transmission de ce sport aux générations futures.
De plus, l’étudiant estime que le changement climatique risque de toucher peu à peu d’autres régions, des stations de plus en plus grandes et à des altitudes de plus en plus élevées. Le fait que la nouvelle génération ait de moins en moins la possibilité d’apprendre à skier dans des stations régionales pourrait engendrer un nombre grandissant de non-skieur-euse-s. Cette dynamique risque d’influencer, à plus ou moins long terme, la fréquentation des grands domaines skiables ainsi que l’économie qui y est liée. «J’ai l’impression que nous sommes seulement au début du sujet que j’ai souhaité étudier», confie l’étudiant.
Originalité et méthodes mixtes
Jusqu’ici, peu d’études se sont penchées sur ce sujet de recherche. Il n’existe notamment pas de données statistiques concernant l’évolution des pratiques du ski chez les jeunes. Alan Steiner a donc dû créer sa propre base de données afin d’appuyer son analyse. Il a choisi une méthodologie mixte, basée sur des questionnaires et sur des entretiens, ce qui lui a permis d’englober la problématique générale tout en approfondissant certains éléments spécifiques. Ce travail ouvre donc la porte à de futures recherches interdisciplinaires sur l’évolution des pratiques des sports d’hiver chez les jeunes.