Biotopes complexes, fragiles et tributaires de conditions d'existence spécifiques, les hauts-¬marais sont mis en danger par l'assèchement et l'eutrophisation et subissent des pressions croissantes, notamment à cause du changement climatique et de diverses activités humaines. Les tourbières méritent pourtant d'être protégées au vu des nombreux arguments justifiant leur sauvegarde, en particulier par rapport à leur rôle de puits de carbone. En effet, au niveau mondial celles-ci ne représentent qu’une petite partie des surfaces émergées (entre 3 et 5%) mais contiennent 500 milliards de tonnes de carbone. Cela correspond à 67% du carbone présent dans l’atmosphère et 30% du carbone organique des sols. La préservation de la biodiversité est une autre raison importante justifiant leur mise sous protection, les hauts-marais abritant de nombreuses espèces animales et végétales endémiques.
Le cadre légal de la protection des hauts-marais en Suisse est un enchevêtrement compliqué de bases légales qui leur assure une protection stricte. L'alinéa constitutionnel topique, adopté avec l'initiative dite « de Rothenthurm », constitue le point de départ de la réflexion. La protection spéciale, par le biais d'un inventaire fédéral, est efficace. Divers autres domaines du droit viennent compléter ce régime ou offrir des instruments juridiques d'exécution, contribuant à constituer une charpente solide ne souffrant que de légères imperfections.
Concernant la mise en oeuvre, l’étude révèle que la Confédération a prévu des dispositions d'exécution utiles et cohérentes eu égard aux dangers et menaces pesant actuellement sur les tourbières. C'est au niveau de l'exécution par les autorités cantonales que réside la principale faiblesse de la protection, ainsi que l'ont révélé les divers rapports et suivis au fil du temps. Des moyens financiers et humains, une information de qualité et du courage politique seront les ingrédients nécessaires pour aller en direction d'une meilleure protection.