Depuis le début de l’année, l’Université de Neuchâtel mène un projet inédit et crucial pour le patrimoine linguistique suisse: la création du tout premier atlas sonore des patois jurassiens. Soutenu par l’Office fédéral de la culture (OFC), le projet ASPAJU (Atlas sonore des patois du Jura) vise à préserver et à valoriser les dernières traces vivantes de ces parlers régionaux menacés de disparition.

Redonner voix aux patois du Jura avant qu’ils ne s’éteignent: c’est le pari que s’est lancé l’Université de Neuchâtel à travers le projet ASPAJU (Atlas sonore des patois du Jura). Ce travail d’envergure, soutenu par l’Office fédéral de la culture (OFC), vise à préserver et valoriser la diversité linguistique jurassienne en constituant le premier atlas sonore jamais réalisé pour cette région.

À mi-chemin entre la recherche scientifique et la sauvegarde du patrimoine immatériel, ASPAJU documente les dernières traces vivantes des parlers régionaux encore connus dans les villages de l’Arc jurassien. En recueillant la parole des dernier-ère-s locutrices et locuteurs du patois, le projet contribue à conserver une mémoire linguistique et culturelle unique, façonnée par des siècles d’histoire locale.

Un patrimoine à écouter

Le projet s’appuie sur un vaste travail de terrain. À ce jour, plus de 77 localités jurassiennes ont déjà été visitées, et plus d’une quarantaine de locuteurs et locutrices enregistré-e-s. Les enquêtes se poursuivront tout au long de l’année 2026, avec l’aide d’étudiant-e-s formé-e-s à la dialectologie.

«Chaque enregistrement est une mémoire vivante: la voix d’un territoire, d’une génération, d’une façon de voir le monde», explique Mathieu Avanzi, professeur ordinaire et directeur du Centre de dialectologie à l’Université de Neuchâtel.

Les entretiens menés portent à la fois sur des traductions de phrases types, des récits de vie et des anecdotes du quotidien. Ces matériaux permettent non seulement de documenter la langue, mais aussi de témoigner d’un mode de vie et d’une identité en mutation. «Le Jura a une relation très forte à sa langue. Entendre ces voix, c’est renouer avec un patrimoine immatériel qui fait partie de notre histoire commune», souligne Olivia Gerber, membre de l’équipe ASPAJU.

Un projet soutenu par la Confédération

Financé par l’OFC, le projet ASPAJU s’inscrit dans les actions de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de la Suisse, aux côtés des traditions, savoir-faire et expressions locales. Il associe recherche scientifique et participation communautaire, en collaboration avec des associations culturelles et des collectivités locales.
Jamais un projet de cette ampleur n’avait été entrepris pour les patois jurassiens. L’atlas, en libre accès, offre une ressource précieuse pour les chercheuses et chercheurs, les enseignant-e-s, mais aussi pour celles et ceux qui souhaitent réentendre la langue de leurs grands-parents.

Découvrir le projet

De nouvelles enquêtes auront lieu du 17 au 20 octobre 2025, au cours desquelles l’équipe de recherche rencontrera les derniers témoins de ces parlers encore actifs. Les enregistrements contribueront à compléter l’atlas sonore, déjà en ligne, où l’on peut découvrir les premières cartes sonores, écouter des extraits et en apprendre davantage sur les patoisantes et patoisants enregistré-e-s.