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Mesure du temps, chimie et cuisine : formalisation des pratiques au XVIIe et au XVIIIe siècle

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Depuis 2020

Description du projet

À partir du XVIIe siècle, on constate un intérêt croissant pour la quantification de la durée dans les traités scientifiques et techniques. Les archives enregistrent une multiplication des données temporelles, et témoignent de la présence de garde-temps dans la culture expérimentale. Ces indications signalent l’émergence d’une nouvelle culture instrumentale, dont la mesure de la durée est un exemple paradigmatique, qui contribue à la formalisation des pratiques, notamment à la naissance de la chimie moderne et à une nouvelle organisation de la cuisine.

Le projet examine la formalisation des pratiques scientifiques et techniques à l’époque moderne du point de vue des cultures matérielles et instrumentales, en se concentrant sur la mesure de la durée et sur la diffusion des garde-temps. La recherche se développe selon trois axes. Le premier concerne la matérialité de la mesure de la durée à l’époque moderne, étudiée à partir des objets, des acteurs et des savoirs artisanaux. Le deuxième examine l’impact de la mesure de la durée sur la formalisation de la chimie, en étudiant d’abord les traités et les cours de chimie théorique, puis sa mise en pratique dans les laboratoires académiques et domestiques. Enfin, le troisième axe porte sur la cuisine. Plus précisément, il s’agit d’analyser les indications temporelles que l’on peut trouver dans les traités, les livres de recettes et les documents relatifs à la préparation des repas collectifs (à la cour, à l’armée, pour les pauvres).

L’objectif de cette recherche est double : d’une part, elle se propose de renouveler l’histoire du processus de l’intériorisation du temps à l’époque moderne à travers l’analyse des « savoirs opératoires » inhérents à la mesure de la durée ; de l’autre, elle entend contribuer à l’étude de la formalisation des savoirs à travers l’analyse de la nouvelle culture de la mesure instrumentale.

Par rapport à l’histoire de l’horlogerie, l’approche adoptée dans le projet permet d’intégrer dans l’étude des dispositifs matériels l’analyse des contextes d’usage. Par rapport à l’histoire des sciences et des techniques, cela permet d’affronter sous un angle original la question de l’essor d’un « esprit de quantification » au XVIIe et au XVIIIe siècle. En insistant sur la valorisation des collections d’horlogerie, ce projet ne vise pas seulement à montrer l’intérêt de l’étude de l’objet comme document matériel pour l’enquête historique, mais aussi à offrir de nouvelles approches pour la valorisation des collections.

Plus d'informations sur le projet

Timekeeping, Chemistry, and Kitchen: The Formalization of Practices, 17th-18th Century

Description of the project

As of the 17th century, scientific and technical literature is characterized by a growing interest in timekeeping. Archival material is rich with temporal indications and shows that timepieces were part of the experimental culture. These signs reveal the emergence of a new instrumental culture – represented paradigmatically by timekeeping – which contributes to the formalisation of practices, in particular the birth of modern chemistry and the rational organisation of cooking.

This project investigates the formalisation of scientific and technical practices in the early modern period from the perspective of material and instrumental culture, focusing on timekeeping and the diffusion of timepieces. The research is divided into three parts. The first part concerns the materiality of timekeeping in the early modern age, studied through the objects, the actors, and the artisanal knowledge accompanying its evolution. The second part deals with the impact of timekeeping on the formalisation of chemistry. This process will be studied relying not only on treatises and courses in theoretical chemistry, but also on chemical practice as performed in academic and domestic laboratories. The third part is about the formalisation of cooking. The temporal indications one can find in treatises, recipe books, and documents pertaining to the organisation of collective meals – at the court, at the army and for the poor – will be analysed.

The objective of this work is twofold. First, it aims to rewrite the history of time awareness in the early modern period by taking into account the “operational knowledge” inherent in timekeeping. Second, it is meant to contribute to the understanding of the formalisation of knowledge by examining the new culture of instrumental measure.

With regard to the history of watchmaking, the approach followed in this project makes it possible to integrate the study of material devices with the analysis of the contexts of use. Regarding the history of science and technology, it allows us to tackle the classical question of the emergence of a “quantifying spirit” in the 17th and 18th century in a novel way. Moreover, by focusing on horology collections, this project wants not only to show the importance of objects as material documents for historical research, but also to elaborate new strategies for the organisation and presentation of collections.

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Equipe