« L’historien ne sera pas seulement celui qui saura le mieux poser les problèmes, mais celui qui, en même temps, saura le mieux élaborer un programme pratique de recherches permettant de trouver, de faire surgir les documents les plus nombreux, les plus sûrs, les plus révélateurs. » (Henri-Irénée Marrou, De la connaissance historique )
Pendant plus de trente ans, le cardinal Jean Du Bellay entretient une correspondance avec les plus hauts dignitaires politique et l’élite intellectuelle de toute l’Europe, et ceci par-delà les clivages politiques, culturels et religieux. Ainsi, lorsque Joachim Du Bellay lui dédie La Deffence et illustration de la langue française (1549) comme à celui qui joue « au Spectacle de toute l’Europe, voyre de tout le Monde en ce grand Theatre Romain », il faut y voir plus qu’une figure de style ou un éloge servile.
Cette correspondance, qui compte environ deux milles lettres, pour la plupart écrites en français et en latin, a été en partie éditée pour les années 1527-1537, par V.L. Bourrilly et P. de Vaissière en 1905 (Ambassades en Angleterre de Jean Du Bellay. La première ambassade (septembre 1527-février 1529), Paris, A. Picard, 1905) puis par Rémy Scheurer en 1969 (Correspondance du cardinal Jean Du Bellay, tome premier 1529-1535, Paris, Klincksieck, 1969) et 1973 (Correspondance du cardinal Jean Du Bellay, tome II, 1535-1536, Paris, Klincksieck, 1973). Dirigé par Rémy Scheurer et Loris Petris, le projet intitulé « correspondance du cardinal Jean Du Bellay », soutenu par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), vise à achever la publication de cette correspondance pour les années 1537-1560, à savoir environ 1300 lettres, dont certaines sont chiffrées. L’option prise au départ est de publier les lettres in extenso, y compris les formules de salutations (qui renseignent parfois sur le destinataire, lorsque la lettre n’est pas adressée, par prudence), sans se borner à éditer la correspondance active ou à n’en donner que des résumés. Un soin particulier est apporté à l’annotation, limitée à l’essentiel tout en se fondant souvent sur des sources inédites tirées des différents fonds archivistiques européens (Italie, France, Belgique, Autriche, Russie, etc.).
Ces lettres concernent l’histoire politique, ecclésiastique et diplomatique, mais également l’histoire sociale et culturelle puisqu’elles font apparaître des réseaux de relations parfois relativement simples mais souvent complexes, enchevêtrés et interférents (réseaux familiaux et clientèles, réseaux constitutifs de partis dans l’entourage du roi ou dans le Sacré Collège, réseaux de renseignement, etc.). La publication d’une correspondance comme celle de Jean Du Bellay peut donc constituer une contribution significative à la connaissance des réseaux, parfois des clans, et de l’Histoire politique, religieuse et culturelle de l’Europe du XVIe siècle.
Le programme de publication des volumes est le suivant :
A ces lettres s’ajoutent encore nécessairement des lettres qui restent à découvrir dans différents fonds archivistiques européens.
A ce jour, les résultats les plus importants sont les suivants :
De 2004 à 2013, le financement du projet a été assuré par le Fonds national suisse de la recherche scientifique : tome III (2004-2006), tome IV (2006-2008), tome V (2008-2009), tome VI (2009-2011) et tome VII (2011-2013), qui a également financé la publications des tomes III à V. La Faculté des lettres et sciences humaines a financé la publication du tome VII et dernier en 2017.
Ce projet a été hébergé par l’Institut de langue et civilisation françaises de l’Université de Neuchâtel.