Communiqué

Les bonobos adaptent leur communication en fonction de leur interlocuteur

10 novembre 2015

Une étude du Laboratoire de cognition comparée de l’Université de Neuchâtel montre que les bonobos savent adapter leur mode de communication en fonction de l’interlocuteur humain dont ils souhaitent obtenir de la nourriture. Cette découverte révèle que ces primates partagent avec les humains la faculté  de tenir compte, dans leurs échanges communicatifs, des connaissances communes et des conventions partagées avec leur vis-à-vis. Elle vient de paraître dans la revue spécialisée Scientific Reports.

«Ces résultats sont nouveaux, car jusqu'à présent il n'existait pas de preuve que les animaux étaient aussi capables de tenir compte des connaissances partagées avec un interlocuteur pour adapter leur communication en conséquence. Cette faculté est essentielle au développement de conventions partagées et de références communes qui est une caractéristique essentielle des interactions sociales humaines et un prérequis au langage», souligne Emilie Genty, primatologue du Laboratoire de cognition comparée et première auteure de l’article.

Les expériences ont été réalisées sur dix individus hébergés en semi-liberté au sanctuaire de Lola Ya Bonobo, près de Kinshasa en République démocratique du Congo. Elles indiquent que lorsque les bonobos ne parviennent pas à obtenir la nourriture désirée, ils vont adapter leur stratégie de communication. «Si la personne est connue, les bonobos insistent en répétant les signaux qui se sont avérés efficaces pour atteindre un même objectif lors de précédentes interactions avec ce partenaire. Mais lorsque l’expérimentateur est inconnu, les sujets changent rapidement de stratégie pour utiliser de nouveaux signaux», note encore la chercheuse. «Il est fort probable que les bonobos aient appris que certains signaux permettent de persuader leur soigneur de leur donner de la nourriture, et qu’ils soient également capables de comprendre que ces mêmes signaux n’ont pas de sens pour une personne avec laquelle ils n’ont eu aucune interaction auparavant».

Les bonobos comprennent le fait qu’un partenaire inconnu ne possède pas les mêmes connaissances que celles acquises suite aux interactions passées avec un partenaire familier. Ils adaptent alors leurs signaux communicatifs pour surmonter cette incompréhension. Ces résultats sont comparables à ceux mis en évidence chez des enfants de 2 ans qui tentent de corriger un malentendu avec un parent ou une personne étrangère.

Le communiqué au format pdf

 

Contact :

Dr Emilie Genty
Laboratoire de cognition comparée
Tél. +41 32 718 31 15
emilie.genty@unine.ch

En savoir plus :

Référence scientifique :
Emilie Genty, Christof Neumann & Klaus Zuberbühler (2015), Bonobos modify communication signals according to recipient familiarity, Scientific Reports.


Bonobo Photo: Emilie Genty