La vie après UniNE

«En phytosociologie, la seule université, c’est Neuchâtel !»

Romain Bouteloup, botaniste au Conservatoire d'espaces naturels du Languedoc-Roussillon

Romain Bouteloup est venu de Paris à Neuchâtel pour y obtenir un Master ès sciences en biogéosciences. Chose faite en 2009. Il travaille actuellement en France, comme botaniste chargé d’études au Conservatoire d'espaces naturels du Languedoc-Roussillon.

Qu’est ce qu’un «conservatoire d'espaces naturels» et en quoi consiste votre travail ?

Je suis botaniste, chargé d’études, et j’utilise un outil qu’on appelle la phytosociologie, la discipline qui étudie les communautés végétales. Il y a 29 «conservatoires d'espaces naturels» en France, dans toutes les régions. Ce sont des associations de protection de la nature, qui ont quatre objectifs par rapport à divers écosystèmes : les connaître, c’est-à-dire les comprendre le mieux possible ; les protéger ; les gérer, grâce à certaines activités humaines traditionnelles ; et les valoriser à travers des projets de communication. C’est donc un travail d’expertise, puisqu’il s’agit d’acquérir un maximum de connaissances, mais aussi un travail qui a une dimension sociale, puisqu’il s’agit d’intégrer des activités humaines à une zone définie - par exemple un éleveur, sa présence permettant d’améliorer la biodiversité.

L’association est basée à Montpellier. Personnellement, j’ai été engagé pour développer l’activité dans le département des Pyrénées-Orientales. Je suis délocalisé à Banyuls-sur-Mer

Vous aviez réalisé un travail de master en phytosociologie sur l'évolution des forêts du Jura…

Ce qui est intéressant dans ce métier, c’est que, bien sûr, il y a des aspects très différents entre le Jura et les Pyrénées-Orientales, mais vous utilisez la même méthodologie pour étudier les diverses végétations. Et les botanistes aiment bien repérer les éléments communs dans la diversité des plantes. Ce qui est le cas en l’occurrence : il y a des éléments communs aux plantes montagnardes. En fait, après le master, j’ai travaillé dans différentes agences d'un bureau d’études en écologie, à Bordeaux, Toulouse, Montpellier… A chaque fois on acquiert de nouvelles connaissances, mais en employant la même méthodologie, celle qu’on a apprise à l’université.

Comment aviez-vous choisi vos études ? Et Pourquoi Neuchâtel ?

Je suis venu à Neuchâtel exprès pour faire ce master. J’ai un parcours assez atypique en biologie. J’ai suivi une formation agricole, puis j’ai intégré la fac Paris-Sud, à Orsay, pour approfondir tout ce qui était biologie. Mais après ma licence, c’est-à-dire le bachelor, je ne trouvais pas en France de formation qui me convenait. Jusque là, j’avais été emballé par tout ce qui est botanique et sciences du sol. Et il se trouve qu’à Neuchâtel, les deux sont réunies dans un seul laboratoire, ce qui est très rare. C’est sans doute même unique en Europe !

Si je suis venu à Neuchâtel, c’est grâce au professeur Jean-Michel Gobat, directeur du laboratoire sol et végétation. J’avais lu son livre, «Le sol vivant», et je me suis intéressé de plus près à lui. C’est alors que j’ai découvert qu’il y avait un master en biogéosciences en Suisse. J’ai donc contacté Jean-Michel Gobat, qui m’a suggéré de venir à Neuchâtel.

Quels ont été les points forts de votre formation à l’UniNE ?

J’ai opté pour Neuchâtel avec un but précis : étudier les relations entre sol et végétation. J’avais l’objectif d’être embauché comme botaniste en France, ce sont des postes très demandés. Mais ce master est finalement beaucoup plus large. Il apporte une vision très systémique des écosystèmes, et du coup, vous en abordez tous les «compartiments» : la géologie, les bactéries, l’analyse de la végétation et son rôle dans l’écosystème, puis le secteur «sols». Si par exemple vous constatez un problème dans un écosystème, on vous donne ainsi les outils pour savoir sur quel élément vous focaliser. La formation est donc très large, puisque le concept même de «biogéosciences» est d’intégrer la biologie et la géologie, avec tous les outils nécessaires. On vous apprend à comprendre un écosystème dans son ensemble. Neuchâtel est une petite université, oui, mais avoir un laboratoire qui étudie les relations entre le sol et la végétation, ce n’est pas fréquent !

Des souvenirs précis, des anecdotes à propos de l’UniNE ?

Il y a une particularité à Neuchâtel, c’est cette relation étroite avec les professeurs, souvent sympathique et informelle. J’ai travaillé dans un vrai rapport de confiance avec M. Gobat. Autre chose : vous consacrez un an à un travail de master. C’est donc une sorte de petite thèse. Du coup vous êtes complètement intégré à un laboratoire, comme si vous y travailliez vraiment. Et… j’ai aussi de bons souvenirs des bouteilles de rouge lors d’excursions dans les Alpes !

Très généralement, quel conseil donneriez-vous à un étudiant ou à un futur étudiant ?

De ne pas se fixer de barrière géographique – cela a été mon cas. Je suis allé là où se trouvait la formation qui me plaisait. J’aurais pu continuer mes études à Paris, mais pour moi il était important d’aller là où je pouvais suivre une formation qui, ensuite, me différencierait sur le marché de l’emploi. Et je savais qu’il y avait une demande réelle sur le marché du travail en France dans le domaine de la botanique et de la science du sol. Il faut avoir en tête ce qui est possible en termes de débouchés, c’est important. Si l’on veut apprendre la phytosociologie aujourd’hui, la seule université, c’est Neuchâtel. Pour mon CV, c’est un point en plus.

 

Interview UniNE 2013