Fermer
images_bandeau_flsh_sociologie.jpg

Victoriya Salomon

Thèse de doctorat

"L’industrie financière en transition : une approche territoriale et institutionnaliste des innovations financières"

Thèse acceptée le 24 mars 2017 avec la mention « summa cum laude » à l’unanimité du jury :

Prof. Olivier Crevoisier, Chaire d’économie territoriale, Université de Neuchâtel (directeur de thèse)

Prof. Maria Giuseppina Lucia, Dipartimento Interateneo di Scienze, Progetto e Politiche del Territorio Università degli Studi di Torino

Prof. Christian Arnsperger, Institut de géographie et durabilité, Université de Lausanne

Prof. Ass. Philip Balsiger, Institut de sociologie, Université de Neuchâtel

Mots-clés: Crowdinvesting, finance durable, transition, changement institutionnel, valeur financière, startup, capital-risque, circuits d’investissement, investisseurs privés, nouveau modèle d’affaires

Résumé: 

Les causes et les conséquences de la crise financière globale de 2008 ont profondément marqué les esprits et ont impulsé une transition vers un nouvel ordre économique et financier. La reconfiguration du système financier en Suisse et la création de nouveaux circuits d’investissement, mieux articulés aux dynamiques économiques territoriales, constituaient l’hypothèse de départ de ce projet de recherche.

Inspiré par l’approche de la transition et par la Théorie de la Régulation, l’objectif de cette thèse était d’identifier et de comprendre les nouvelles modalités d’investissement mises en place par les grands acteurs de la finance, à savoir les investisseurs institutionnels. La première étape de cette recherche, centrée sur la transition « par le haut » a mis en évidence une hystérésis institutionnelle caractérisée par l’absence d’initiatives de la part des grands investisseurs sur fonds de faiblesse des réformes de régulation financière.

Partant de cette constatation, notre objectif a été réorienté vers l’exploration de la transition « par le bas » à travers de multiples études de cas d’initiatives d’investissement alternatif entreprises par des acteurs privés et/ou publics. Composée de trois articles et d’un « chapeau » introductif, cette thèse a débouché sur l’élaboration d’un cadre conceptuel et interprétatif particulier permettant d’articuler différentes approches et théories de la transition et du changement institutionnel avec les expériences empiriques observées et les résultats de notre travail de recherche. Les caractéristiques et les dynamiques de la transition « par le bas » dans la finance qui ont été explorées dans le cadre de trois articles s’inscrivent dans une chronologie de réflexion « encastrée » dans un processus itératif d’interprétation de « signaux faibles » de la transition.

Inscrit en géographie de la finance, le premier article aborde la question de la transition à travers le cas de la finance durable en Suisse. A partir d’une étude de cas des fonds d’investissement socialement responsable (ISR), cet article traite des liens entre la finance et le territoire en montrant comment la « valeur financière durable » a pu être créée et légitimée par l’industrie financière grâce à des dispositifs sociotechniques de décontextualisation des activités des grandes entreprises. Après avoir mis en évidence le nécessaire ancrage territorial des objectifs du développement durable, cet article identifie les mécanismes par lesquels la finance de marché légitime la « valeur durable » de ses produits d’investissement et souligne leurs limites.

Dans le deuxième article, le processus du changement a été interrogé sous le prisme de l’émergence des plateformes de financement participatif en tant que nouveaux acteurs d’investissement direct dans des entreprises innovantes. Cette étude a donc cherché à comprendre dans quelle mesure ce nouveau modèle d’affaires inventé et pratiqué par les acteurs-plateformes remet en question les approches des acteurs plus traditionnels, à savoir les sociétés de capital-rique et les clubs de ‘business angels’.

Réalisé en continuité avec l’article précédent, le troisième article de la thèse s’est fixé comme objectif d’approfondir nos connaissances du fonctionnement des nouveaux acteurs-plateformes de la finance directe. Il s’est donc intéressé à identifier et à comprendre les mécanismes particuliers des processus d’(é)valuation de projets d’investissement. Cette étude a, en outre, mis en évidence la manière dont ces dispositifs sociotechniques tirent leur avantage des technologies et des réseaux Internet.

La partie introductive ou le « chapeau » de la thèse été réalisée sous forme de « méta-analyse afin de mettre en perspective les différentes entrées théoriques, conceptuelles et empiriques exposées dans les trois articles tout en explicitant l’ensemble de la démarche.