
Introduction:
Dans un contexte de crise environnementale propre à l’Anthropocène, notamment marqué par l’effondrement de la biodiversité (IPBES, 2019), il y a urgence à repenser les relations entre l’humain et les autres vivants. PREMIS (Pratiques, relations et médiations inter-espèces) est un séminaire de recherche interdisciplinaire et transdisciplinaire mensuel, francophone sauf exception, en format hybride.
Il est ouvert à toutes les personnes curieuses des enjeux écologiques – citoyen·nes étudiant·e·s, chercheur·euse·s, médiateur·rice·s, conservateur·rice·s de musée… – qui travaillent sur les relations entre les humains et les autres vivants, et qui souhaitent explorer comment les développer de manière harmonieuse.
Le séminaire couvre l’ensemble des relations inter-espèces, qu’il s’agisse d’animaux non humains ou de plantes, en reliant données empiriques et cadres conceptuels. Il s’intéresse aux manières de parler, de ressentir et d’entrer en relation avec les autres vivants, ainsi qu’aux architectures sociales – symboliques et matérielles – qui structurent ces interactions. Dans ce cadre, il est aussi question d’interroger le rôle de l’éducation et de la médiation pour accompagner ces transformations de manière durable.
Le séminaire a en particulier pour vocation d’offrir un cadre de réflexion théorique et méthodologique aux chercheur·euses actif·ves sur ces questions et de permettre des échanges inter-institutionnels, en particulier entre les institutions de recherche et de transmission voisines que sont l’Université de Neuchâtel, le Musée d’Histoire Naturelle de Neuchâtel, le Jardin Botanique de Neuchâtel, la HEP BEJUNE, les écoles et les lycées du canton.
Il s’inscrit aussi dans la continuité du master interdisciplinaire et interfacultaire en conservation de la biodiversité créé par la Faculté des Sciences et par la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Neuchâtel (https://www.unine.ch/formation/master-of-science-or-arts-in-biodiversity-conservation), ainsi que dans les approches pédagogiques d' »open schooling », « boundary crossing », « utopian pedagogy » ou « performative pedagogy » portées par l’Institut de Psychologie et Education de l’Université de Neuchâtel.
Corridors urbains, common worlds, jardins potagers à l’école, plantness, plantes en ville, relations humains-insectes, vie du sol, performative research, conflits humains-non humains, perception des espèces menacées, conservation conviviale, configurations affectives et imagination, biodiversité invisible, école en forêt, imagination et expérience de visite des musées et parcs zoologiques, éducation au jardin botanique, relations affectives humains-autres animaux au zoo et conservation…
Quelles médiations proposer aujourd’hui pour dépasser le dualisme nature-culture et repenser les relations entre humains et non humains ?
Méthodologiquement, comment analyser les relations inter-espèces ?
Théoriquement, quels concepts mobiliser pour penser les relations inter-espèces et leur développement aujourd’hui ?
Quelles sont les conditions de mise en œuvre de dispositifs qui permettent ou favorisent les relations et rencontres inter-espèces ?
Comment se développe la capacité des humains à entrer en relation avec d’autres espèces au fil de la vie, dans leurs univers historiques, culturels et socio-matériels ? Comment analyser l’agentivité des non humains dans le développement de cette relation ?
Quelles sont les pratiques, formes de relations et rencontres fécondes du point de vue de la protection de la biodiversité dans les environnements urbains contemporains ? Comment repenser la ville comme lieu de co-habitation dans une perspective More-than-Human ?
Comment prendre en compte la diversité de nos relations et médiations contemporaines à la nature ? Quels rôles peuvent jouer les affects, l’imaginaire, l’art, le jeu, les diverses formes de langage, la technologie dans cette mise en relation? Comment certaines « expériences de nature », directes et indirectes, deviennent-elles transformatrices ? De quoi ? Pour quelles finalités ?
Quels liens et quels processus pédagogiques relient les pratiques scolaires et celles qui articulent scolaire et extra-scolaire, comme l’école en forêt, l’école dans la nature ou les jardins scolaires, etc. ? Comment contribuent-elles à transformer le rapport à la nature des jeunes, l’école, et la représentation de la nature dans le cadre scolaire ?
Comment le langage que nous utilisons constitue-t-il notre rapport à la nature et comment le transformer ? Comment prendre en compte la présence, les formes de sentience et d’agentivité des non-humains dans l’analyse des productions langagières humaines ?
Comment nos disciplines, à commencer par la psychologie, les sciences de l’éducation, la didactique des sciences, la sociolinguistique, la muséologie, l’ethnobotanique, la biologie, l’anthropologie que nous représentons peuvent-elles intégrer des approches More-than-Human dans l’enseignement et la recherche ?
Comment décentrer notre regard dans nos analyses et théories scientifiques pour prendre en compte de façon équilibrée les humains et les non humains ?
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Prof. Laure Kloetzer (psychologie socio-culturelle, IPE, UniNe)
Dr Alain Sénécail (didactique des sciences, TECFA, Université de Genève)
Dr Thierry Deshayes (sociolinguistique, Taïwan)
Le séminaire a lieu les jeudis après-midi, de 14h à 17h à l’Université de Neuchâtel (FLSH, Espace Tilo-Frey 1, 2000 Neuchâtel) ou dans l’une des institutions partenaires, et en format hybride, sur inscription obligatoire auprès de l’un·e des organisateur·rices.
2 octobre 2025
23 octobre 2025
20 novembre 2025
26 février 2026
26 mars 2026
23 avril 2026
21 mai 2026
Chaque séminaire propose des lectures à discuter (envoyées aux participant·es avant le séminaire), et une présentation et discussion approfondie d’une ou plusieurs recherches en cours.