L’histoire est l’étude du passé humain dans ses dimensions les plus variées : politiques, sociales, économiques, techniques et culturelles, etc. Sa pratique est tributaire de l’époque, des interrogations des historien-ne-s comme des attentes du public. Si elle est ouverte sur d’autres sciences, elle possède une méthodologie qui lui est propre et qui repose avant tout sur l’analyse maîtrisée des sources. L’histoire occupe aujourd’hui une place importante dans la vie culturelle et dans le débat public.
À l’université de Neuchâtel, la pratique de l’histoire s’exerce avec un constant souci d’excellence scientifique. La recherche constitue l’un des points forts de l’Institut, comme en témoignent les nombreux projets financés par des institutions extérieures, suisses ou européennes.
Riche de quatre unités (histoire du Moyen Age et de la Renaissance, histoire moderne, histoire contemporaine et CLAM), l’Institut d’histoire offre la possibilité d’étudier le passé dans ses dimensions les plus variées (politiques, sociales, culturelles, religieuses, etc.), en privilégiant quatre axes thématiques qui transcendent les frontières chronologiques : 1. Matérialités, techniques, environnement ; 2. Anthropologie historique des sociétés ; 3. Migration, frontières, identités ; 4. Rapports sociaux de genre.
L’Institut forme non seulement les étudiant-e-s à la lecture d’une grande variété de sources (documents écrits, sources iconographiques et audio-visuelles, vestiges matériels), mais aussi à la réflexion sur leur propre pratique historique. Les cursus proposés articulent formation à la recherche et à l’enseignement, ainsi qu’à la transmission des savoirs (public history). Les liens étroits tissés avec les instituts d’archéologie et d’histoire de l’art et la Maison d’Analyse des Processus Sociaux permettent de renforcer le dialogue entre les différentes disciplines autour de l’étude du passé.
L’histoire contemporaine couvre la période historique la plus proche de nous, avec un point de départ au moment des grandes révolutions démocratiques de la fin du XVIIIe siècle, comme la Révolution américaine ou la Révolution française qui marque, en Europe, la fin de l’Ancien Régime. Si cette périodisation semble aller de soi, elle invite pourtant à des interrogations multiples, permettant d’opérer des changements de perspective et ainsi à dépeindre une image plus nuancée des sociétés du passé. Quelles sont les continuités qui perdurent malgré ces moments de rupture ? Ces césures sont-elles universelles ou reflètent-elles une vision eurocentrique de l’histoire ? Comment les hommes et les femmes ordinaires vivent-ils ou elles ces moments d’accélération des événements ? Les césures politiques (le « printemps des peuples » en 1848, les deux guerres mondiales 1914 / 1939, la chute du mur de 1989) suffisent-elles pour expliquer le sens et la direction de l’histoire ?
A l’Institut d’histoire, nous privilégions une perspective qui s’intéresse aux acteurs et actrices de ces transformations multiples – politiques, certes, mais aussi sociales, socio-économiques et culturelles –, et ceci sur des échelles différentes mais interconnectées, inscrivant le local dans le global, et visant à décloisonner l’histoire neuchâteloise, suisse et européenne.
Expo 1964 à Lausanne: Wehrigel. Futuristisches Gebäude / L’hérisson défenseur. Batîment futuristique. Auteur.e inconnu.e/F 5032-Fb-0740, Sozialarchiv Zurich
Créée pour désigner les trois siècles qui séparent la découverte de l’Amérique des grandes révolutions de la fin du XVIIIe siècle, la notion d’époque moderne peut sembler paradoxale. Si la période voit l’émergence d’Etats centralisés et le premier essor du capitalisme, elle correspond également à des phénomènes qui s’accordent mal, à première vue du moins, avec l’idée de modernité – il suffit de penser à la chasse aux sorcières, qui connaît son apogée à la charnière des XVIe et XVIIe siècles. Il s’agit également d’une notion géographiquement située dans la mesure où elle renvoie en premier lieu à l’histoire européenne et à ses phénomènes jugés marquants, comme la Renaissance, la Réforme ou les Lumières. Mais la notion d’époque moderne fait également sens pour les mondes extra-européens. Les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles correspondent en effet à la mise en place d’un système d’échanges – économiques mais également démographiques, culturels et religieux – qui a pour théâtre l’ensemble de la planète au point qu’on peut parler de première mondialisation. C’est également l’époque de l’expansion coloniale et de l’émergence d’empires transnationaux qui, pour certains, ont survécu jusqu’au XXe siècle. C’est peut-être en ce sens que la période en question peut être appelée moderne puisqu’elle a posé les fondements d’un monde qui est encore le nôtre.
Présenter cette période historique dans toute sa complexité, accorder une attention égale aux ruptures et aux continuités, concilier l’étude des structures et celle des acteurs individuels, tels sont les objectifs des enseignements d’histoire moderne proposés par l’Institut d’histoire.
Pieter Brueghel l’Ancien, La chute d’Icare, copie, huile sur toile, vers 1600 (Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts)
Inventé par les humanistes de la Renaissance pour désigner la période les séparant de l’Antiquité, le Moyen Age s’étend sur mille ans et englobe autant de mondes différents – depuis les royaumes barbares jusqu’aux marchands florentins, depuis les Vikings jusqu’aux premiers imprimeurs. En Europe, cette période se caractérise par l’émergence d’une société fusionnant les héritages romain et germanique, par la montée en puissance de l’Eglise et par la mise en place de structures politiques et de réseaux commerciaux et qui mèneront à l’expansion territoriale et économique de l’Occident.
Cette époque, à la fois si lointaine et si proche, a jeté les fondations de notre monde d’aujourd’hui, dont certaines sont encore apparentes, à l’image des châteaux et églises que l’on côtoie quotidiennement. Surtout, ce monde d’avant exerce une forte séduction sur notre imaginaire, comme en témoignent les films, séries, romans, jeux, reconstitutions historiques prenant pour cadre un Moyen Age au réalisme variable.
L’institut d’histoire de l’Université de Neuchâtel est le seul de Suisse romande à réunir en une même chaire l’histoire du Moyen Age et celle de la Renaissance : une perspective qui, aussi bien au niveau des enseignements que de la recherche, permet de jeter un éclairage nouveau sur ces époques traditionnellement étudiées séparément.
Fortune aveugle tourne sa roue.
Enluminure d’Etienne Colaud dans Le Livre des cas des nobles hommes de Jehan Boccace, traduction de Laurent de Premierfait, fin XVe siècle
Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. fr. 130, fol. 1r.
Les cours et séminaires d’histoire ancienne sont assurés par la chaire d’Archéologie de la Méditerranée antique. Ils couvrent une période allant de la mise au point de l’écriture alphabétique dans la deuxième moitié du IIe millénaire av. n.è. jusqu’à la dissolution de l’Empire romain d’Occident vers 500 de n.è. et un espace s’étendant de l’Atlantique à l’Inde et des îles britanniques à la péninsule arabique. Ils abordent à travers une approche aussi bien évènementielle que thématique les différentes civilisations qui ont contribué à façonner la Méditerranée et la culture européenne, en particulier le monde grec et la Rome républicaine et impériale.
Les enseignements proposés permettent ainsi aux étudiant.e.s de replacer les réalités des périodes historiques successives (institutions politiques, religion, société, mobilités, globalisation, démocratie, etc.) dans une perspective chronologique et géographique plus large. L’histoire ancienne permet en outre aux étudiant.e.s de développer leurs maîtrise des outils de la recherche historique en s’appuyant sur des sources variées : textes littéraires, épigraphie, papyrologie, numismatique, archéologie. Enfin, les étudiant.e.s qui souhaitent approfondir leur connaissance ont la possibilité de suivre des cours de langues anciennes (latin, grec, hébreu) offerts par la chaire de philologie classique.
Buste représentant Hérédote. Metropolitan Museum, New York
Depuis plus d’un siècle déjà, le Moyen-Orient est souvent présenté dans les médias, voire dans une certaine production académique, comme une région gangrenée par une série de guerres et de conflits qui affrontent des communautés ethniques et/ou religieuses divisées par des clivages historiques insurmontables. Cette vision réductrice et partiale a néanmoins un impact négatif sur la manière dont le journalisme, le politique et une partie du monde académique appréhende le présent de la région, empêchant d’envisager toute perspective de futur pour les sociétés moyen-orientales. À l’Institut d’histoire, nous proposons des cours et des séminaires qui, sans négliger l’étude des conflits qui ont marqué durablement le Moyen-Orient contemporain, invitent à repenser le passé et le présent de cette région en nous intéressant également aux épisodes de coopération entre ces communautés ainsi qu’à d’autres dimensions tout aussi centrales comme les aspirations sociales (question ouvrière, lutte anti-coloniale, féminisme, démocratie) et les stratégies (migrations, contrebande, production artistique) d’importants pans de la population. En outre, loin de faire de l’histoire du Moyen-Orient une « histoire exceptionnelle », l’Institut offre une formation qui cherche à établir des connexions entre des dynamiques locales et globales, entre des histoires particulières et les grands événements qui ont façonné le monde contemporain.
Diyarbakir en Turquie
L’histoire des techniques étudie les processus d’émergence, de diffusion et d’usage des outils matériels et symboliques à travers lesquels les sociétés répondent à des besoins et transforment leur environnement. Considérée comme un facteur majeur de transformation économique, sociale, culturelle et environnementale, la technique n’est pourtant pas déterministe. Une machine ou un artefact s’inscrivent dans des contextes plus vastes, dont l’étude permet de comprendre leur conception, leur production et leur agentivité, à travers l’analyse de facteurs multiples. L’objectif est celui d’aborder la diversité des temporalités des techniques, en s’intéressant autant aux processus d’innovation qu’aux techniques en usage, et en articulant échelle globale et locale.
Les objets de l’histoire des techniques sont donc multiples, de l’histoire du processus d’industrialisation à l’histoire du corps, de l’histoire des savoirs à l’histoire culturelle, de l’histoire des techniques de la mesure du temps aux visions des ingénieurs qui par leurs projets imaginent des futurs.
À travers des cours et des séminaires proposés dans la filière bachelor et master en histoire sont traités les approches méthodologiques de l’histoire des techniques, des thèmes comme l’histoire de la mobilité, ou l’histoire de l’alimentation, etc., ou, sont proposées des activités de recherche comme dans le cas du séminaire « L’objet comme document », destiné aux étudiant-e-s avancé-e-s.