Ce projet porte sur la culture de la mesure du temps à l’époque moderne, étudiée dans la perspective de l’histoire des pratiques. Le point de départ est le constat de l’augmentation, à partir du XVIIe siècle, d’indications temporelles dans les traités de cuisine et de chimie.
L’hypothèse avancée dans le cadre de cette recherche est la suivante: au XVIIe et au XVIIIe siècle, on assiste à l’établissement d’une culture de la quantification, dont la mesure de la durée est un exemple paradigmatique, qui investit et transforme les pratiques. Ce phénomène, encore largement méconnu, contribue à la naissance de la chimie moderne et à une nouvelle organisation de la cuisine.
L’analyse de ce processus permet aussi de comprendre que l’intériorisation du temps (l’essor d’une « time awareness ») doit être mise en relation avec la manipulation des garde-temps. En effet, ces derniers permettent à la durée de pénétrer dans les pratiques quotidiennes en les standardisant, en les rendant communicables et en les rattachant parfois à un savoir prescriptif.