La vie après UniNE

« Ne pas hésiter à changer de voie ! »

Alexandre Moser, médecin-assistant

Alexandre Moser a passé sa première année propédeutique en médecine à l’Université de Neuchâtel. Il a poursuivi ses études à l’Université de Lausanne et travaille actuellement comme médecin-assistant à Zweisimmen .

Pourquoi Zweisimmen ?

Je voulais commencer mon parcours professionnel en Suisse allemande, parce que, grâce à Erasmus, j’avais eu la chance de faire ma 4ème année d’études en Allemagne. Je voulais donc continuer d’apprendre l’allemand et si possible comprendre un jour le Suisse allemand – ce qui n’est pas encore gagné ! Parmi mes autres critères, il y avait aussi le fait que je voulais commencer dans un petit hôpital et travailler à la montagne. Trois critères qui qui réduisent donc passablement le choix ! J’ai fait une recherche sur Internet et je suis tombé sur Zweisimmen. Je les ai contactés et ça a marché.

Vous n’avez pas pris la voie la plus directe pour être médecin : vous avez d’abord suivi une formation d’automaticien au CPLN. Quand est apparu votre goût pour la médecine ?

En fait, je sortais de la section «moderne» à l’école secondaire. Je suis allé au CPLN un peu par hasard, en suivant des copains. Mais comme j’avais pas mal d’activités dans le secteur du sauvetage, j’avais d’ailleurs postulé au SIS (le Service d’incendie et de secours) pour être pompier-ambulancier, la médecine m’a de plus en plus attiré. J’ai donc fait en sorte de pouvoir aller au gymnase, avec l’intention de m’orienter vers la médecine. Ce qui n’a pas été facile : il a fallu beaucoup travailler et j’avais 4 à 5 ans de plus que ceux de ma classe : ce n’était pas évident tous les jours. A l’université, les différences d’âges s’atténuent, par chance.

J’ai toujours été attiré par le domaine de l’urgence. J’aime particulièrement le fait que ce soit un travail de collaboration, avec, en fin de compte seulement, la responsabilité du médecin. J’ai d’ailleurs travaillé dans une compagnie d’ambulances pendant mes études de médecine, depuis la 4ème.

Vous avez fait la grande partie de vos études à Lausanne, mais êtiez passé par la première année propédeutique en médecine à Neuchâtel. Pourquoi ce choix ?

Une raison simple d’abord : j’habitais Peseux, c’était plus pratique et moins coûteux d’aller suivre cette 1ère année à Neuchâtel plutôt qu’ailleurs. Et puis on m’avait dit que c’était bien, qu’il n’y avait pas plus d’échecs en 2e si l’on venait de Neuchâtel. Cela me paraissait donc tout à fait possible de faire une année ici et d’aller ensuite à Lausanne. La première année de médecine, c’est une année «de base», aller dans une grande université ne fera pas de vous un meilleur médecin.

Cette 1ère année de médecine à Neuchâtel, en 2005/6, a-t-elle correspondu à vos attentes ?

En terme de médecine, pas du tout, puisque la 1ère, c’est de la physique, de la chimie, de la biochimie, comme partout ailleurs ! Par contre, j’ai vraiment aimé le changement de style entre le gymnase et l’université. L’indépendance qu’on a tout à coup, le fait qu’il faut apprendre à devenir autonome. A posteriori, ce qui est vraiment bien à Neuchâtel, c’est la taille de l’université. Les profs sont accessibles, on peut leur poser des questions. A Lausanne, en 1ère année, il y a plus de 500 étudiants ! Il faut se battre pour avoir une place dans l’auditoire !

Par contre, il y a une réalité assez dure : la 1re année de médecine est stressante, parce qu’on sait dès le début que 80% des étudiants ne vont pas passer l’année, à Neuchâtel comme ailleurs. Les profs nous disaient : « On a 21 places entre Lausanne et Genève, les autres vous ne passerez pas. »

Comment s’est déroulée la transition entre la 1ère année à Neuchâtel et la suite de vos études à Lausanne ?

La transition se fait bien, même si cela avait été rude au début, avec un système d'examen modulaire toutes les 4 à 6 semaines, système qui a heureusement été changé pour revenir à des examens bisannuels par la suite. On était plus avancés dans certaines matières – l’anatomie par exemple – et un peu moins dans d’autres comme la radiophysique. Mais, avec quelques autres étudiants, nous avions contacté le responsable de la formation neuchâteloise pour lui faire part de notre expérience et de ce qu’il y avait à changer à notre point de vue dans la formation neuchâteloise. Il y a aujourd’hui, je crois, beaucoup plus de coordination entre Lausanne et Neuchâtel qu’à l’époque et la transition de Neuchâtel à Lausanne s'en trouve facilitée. Finalement, le plus dur à vivre est le changement de taille de l’université, la quantité de monde.

Vous avez été secrétaire général de l’IFMSA (International Federation of Medical Student’s Association) et pendant deux ans président de l’Association suisse des étudiants en médecine. Pourquoi un tel engagement ?

Etre médecin, c’est plus qu’un métier je pense. Il y a une responsabilité sociale : on ne peut pas juste traiter quelqu’un sans tenir compte de son cadre de vie, de son contexte social et humain. Et ça, c’est une dimension qui est très peu présente dans les études. On apprend les maladies, la physiologie, l’anatomie, la pathologie, mais pas le contexte communautaire – même si cela commence un peu à Lausanne. Avec ces associations, on essaie notamment de sensibiliser les gens à cela, de créer des projets qui tiennent compte de ces données. Et puis j’ai beaucoup appris à travers ces associations, par exemple le fait de m’exprimer publiquement, d’avoir des contacts avec le monde politique... j’ai adoré cela.

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou à un futur étudiant ?

De manière générale, ne pas hésiter à changer de voie ! Ce n’est jamais facile, en particulier au niveau financier, mais c’est important de vivre ses rêves. Il ne faut pas hésiter à se lancer. Même si on était pas en section « maturité » à l’école secondaire !

Par rapport à la médecine en particulier, le conseil, c’est de beaucoup bosser! Sans oublier pour autant d’avoir une vie sociale à côté. Ceux qui s’enferment dès le début 15 heures par jour à la bibliothèque ont peu de chances de réussir : ils arrivent épuisés avant la fin ! Et puis il est important d’avoir un plan B, surtout quand on entre en 1ère année. Il faut voir en tête que si l’on rate deux fois sa 1ère, c’est fini, et qu’il faut donc avoir une 2e solution possible. J’ai connu des gens qui rêvaient d’être médecin depuis tout petit, et qui avec un double échec, se sont retrouvés exclus de toute profession médicale de niveau universitaire - médecin, pharmacien, dentiste, chiro. C’était dur pour eux… donc le plan B est important !

 

Interview UniNE 2013