Intervenir lorsque nous entendons un commentaire inapproprié n’est pas forcément évident. Il m’est arrivée d’être témoin de comportements discriminatoires, où une personne a dit quelque chose, parfois subtile, mais qui n’est pas approprié, et je n’ai pas su comment intervenir pour aider la personne cible du commentaire. Souvent, c’est après-coup qu’on pense à ce qu’il aurait fallu dire.
Pour éviter que cela ne se reproduise, j’ai cherché à savoir comment réagir et d’avoir quelques stratégies dans la poche. Voici d’abord quelques définitions et ensuite quelques conseils que je trouve utiles et qui me donnent une feuille de route pour savoir comment réagir.
On parle parfois de « micro-agression » : Un concept qui « désigne un comportement ou un propos d'apparence banale exprimé envers une personne issue [d’un groupe minoritaire], d'une communauté marginalisée ou envers toute cette communauté, et qui est perçu comme dénigrant par celle-ci ». (Wikipédia).
Il s’agit souvent de remarques qui peuvent sembler anodins mais qui, en réalité, renforcent les stéréotypes et qui sont dévalorisants. Par exemple, des remarques qui sous-tendent que les femmes sont moins compétentes que les hommes, des blagues ou anecdotes qui se moquent de femmes ou d’un groupe minoritaire. On parle aussi de sexisme bienveillant. Il s’agit d’attitudes ou des comportements qui semblent positifs ou bien intentionnés envers les femmes (ou un autre groupe minoritaire ou marginalisé), mais qui peuvent en réalité renforcer les stéréotypes. Par exemple, « tu n'as pas besoin d'être si agressive, ça ne convient pas à une femme » (impliquant que les femmes doivent être douces et soumises plutôt qu’affirmées ou compétitives). « Marika, tu ne pourrais pas être notre secrétaire de groupe ? Les femmes écrivent mieux que les hommes ».
Demander une clarification, questionner ce qui a été dit où demander à la personne de répéter ce qu’elle a dit.
Il me semble relativement « facile » de demander une clarification à la personne : « As-tu vraiment voulu dire ça ? » « Qu’est-ce que tu veux dire par ça ? » « Peux-tu me répéter ce que tu viens de dire ? » Cela permet à la personne de revenir en arrière, de se reprendre, et même de se questionner. Poser des questions, même simples, peut permettre à la personne de réaliser que ce qui a été dit était faux (ou qu’on a fait une gaffe).
Montrer que je ne suis pas d’accord avec ce qui a été dit. En disant : « Je ne suis pas d’accord avec ce que tu viens de dire ». « Je ne trouve pas cette blague amusante. » On signale clairement son désaccord et on montre son soutien à la personne cible.
On peut aussi montrer son désaccord en utilisant son langage de corps (p.ex, secouer la tête ou rouler les yeux), mais ceci pourrait être mal compris et passer à côté de son intention. La manière de montrer son désaccord dépendra de la situation.
Dans certaines situations, la personne peut mal réagir si elle est confrontée en public et la situation peut mal tourner, voire escalader. Il peut donc être mieux d’approcher la personne en privé. En privé, il peut être plus facile de bien expliquer pourquoi le commentaire a été problématique ou blessant et d’avoir une conversation sur le sujet. Ceci peut être d’une grande aide à la personne qui va pouvoir changer son comportement dans le futur.
Si, on est mal à l’aise sur le moment, on peut quand même parler avec la personne cible de la remarque, après, en privé. Dire qu’on a été mal à l’aise et qu’on n’a pas su comment réagir. Ceci est très bénéfique pour la personne qui se sentira moins seul.
Il peut être difficile de savoir comment agir lorsqu’on est témoin d’une remarque inappropriée. Il est utile de discuter avec des personnes autour de soi, pour se rassurer et de partager sur ces sujets souvent sensibles et difficiles à aborder. Personnellement, j’ai aussi envie de dire aux personnes autour de moi que, dans l’éventualité où je dirais quelque chose qui pourrait être perçu comme sexiste ou raciste, qu’elles me tiennent responsable ! J’espère que les conseils dans cet article sont utiles et vous permettront d’avoir quelques idées relativement simples et faciles à mettre en œuvre.
Je vous conseille de participer aux activités lors de la journée contre le harcèlement sexuel qui a lieu le 23 mars pour en apprendre davantage.
Avez-vous d’autres conseils utiles pour gérer des situations difficiles ? Contactez-nous pour les partager contact.sep@unine.ch
Nous pourrions faire un article avec les conseils de nos lectrices et lecteurs.
L’Université de Neuchâtel s’engage à promouvoir un environnement d’étude et de travail où règnent respect et bienveillance. Elle est dotée d’un système de prévention et gestion des conflits qui permet de combattre les atteintes aux droits de la personnalité dans des situations diverses, dont le sexisme. Sur le site de l'UniNE " Prévention et gestion des conflits " figurent des informations, des outils ainsi qu’une présentation des instances internes et externes auprès desquelles obtenir du support.