Le Prix du meilleur enseignement est revenu cette année à une membre de la Faculté des lettres et sciences humaines (FLSH). La distinction a récompensé vendredi soir Marion Fossard, professeure ordinaire de logopédie. En poste depuis 2010 à l’Université de Neuchâtel, cette native de Toulouse dispense un vaste panel de cours, allant de l’introduction aux sciences logopédiques à la neuropsychologie, en passant par l’étude détaillée de troubles du langage.  

Par ce prix décerné à Marion Fossard, le jury a notamment retenu «le caractère innovant de son enseignement en logopédie, qui établit des liens pertinents entre la recherche universitaire et des problèmes cliniques pratiques». Parmi les qualités de la lauréate, les étudiant-e-s soulignent «son dynamisme, son humour et sa grande disponibilité, ainsi que son engagement constant envers leur réussite». Interview.

Marion Fossard, que représente pour vous ce Prix?

Puisque l’enseignement est le cœur de mon métier, aux côtés de la recherche, c’est un honneur de recevoir ce Prix, auquel je ne m’attendais pas. Il est d’autant plus gratifiant qu’il vient des étudiant-e-s. C’est aussi une reconnaissance pour ce plaisir que j’ai à sentir cette transmission des connaissances vers l’auditoire, et à donner les clés pour que les étudiant-e-s puissent au mieux «entrer dans» les thématiques que je traite dans mes cours.

L’enseignement que vous dispensez couvre un vaste domaine. Comment vous y prenez-vous pour en aborder les différents angles?

J’enseigne de la première à la troisième année de bachelor, ainsi qu’en master. Mais il y a néanmoins un fil conducteur à tout cela, c’est l’étude des troubles acquis du langage chez l’adulte. Pour appréhender cette matière, il faut tout d’abord une bonne compréhension des modèles théoriques relatifs aux processus  langagiers. Par exemple, saisir un mot prononcé à haute voix cache un processus complexe qui commence par l’analyse acoustique de la séquence, sa segmentation, sa comparaison avec une forme déjà encodée dans le lexique mental. A chaque fois, je montre comment le modèle qui reste souvent aride est lié à une pathologie concrète, histoire de mettre un peu de chair autour de l’os.

Il y a naturellement des sujets plus fascinants que d’autres. La neuropsychologie permet d’aborder des troubles liés à des lésions cérébrales avec des répercussions sur le langage et la cognition, parfois très déroutantes. On peut ainsi rencontrer des patient-e-s capables d’écrire des mots ou des phrases, mais qui sont incapables de les lire. Or ce constat qui paraît paradoxal s’explique en réalité assez bien avec les modèles théoriques enseignés.

Quelles sont vos astuces pour intéresser votre auditoire?

Je travaille constamment mes cours qui sont donnés avec des supports traditionnels, accompagnés éventuellement de vidéos. Je n’hésite pas à chercher le dialogue avec les étudiant-e-s, à les sortir de leur coquille. J’ai besoin de savoir s’ils ou elles ont compris ce que dont je viens de parler. Cette attitude vient en partie de l’enseignement que j’ai prodigué au Canada, où les étudiant-e-s affichent un comportement plus revendicatif et questionnent spontanément les professeur-e-s quand quelque chose n’est pas clair. 

Depuis quinze ans que vous enseignez à Neuchâtel, ressentez-vous une évolution de votre auditoire?

C’est difficile à dire dans la mesure où nous avons toutes et tous évolué face au renouvellement constant de la technologie. Et même si tout va plus vite, je n’ai pas l’impression que le niveau des étudiant-e-s a baissé. Au contraire même, je pense que je suis devenue plus exigeante, notamment dans les mémoires de master que je supervise. Cette qualité est nécessaire étant donné que nous ne sommes que deux universités en Suisse romande (avec Genève) à proposer une formation en logopédie.
   
Bio express

Née à Toulouse, Marion Fossard obtient en 1994 dans sa ville natale un certificat de capacité en orthophonie de l’Université Paul Sabatier. Elle enchaîne avec une licence (1995), une maîtrise (1996), et un DEA (1997) en sciences du langage, mention psycholinguistique de l’Université Toulouse le Mirail. Elle termine sa formation par un doctorat en 2001 auprès de la même université en co-tutelle avec l’INSERM. Elle poursuit sa carrière postdoctorale à l’Université du Sussex (UK) avant d’être nommée en 2005 professeure adjointe à l’Université Laval au Québec.

En novembre 2010, Marion Fossard rejoint l’ISLo (Institut des sciences logopédiques) de l’UniNE en tant que professeure ordinaire. Titulaire de la Chaire de logopédie II, elle mène avec son équipe des travaux axés sur l’interaction entre le langage et d’autres aspects de la cognition, principalement auprès d’adultes souffrant de troubles acquis du langage d’origine neurodégénérative (troubles neurocognitifs de type maladie d’Alzheimer; aphasie primaire progressive), vasculaire (aphasie) ou traumatique (traumatismes craniocérébraux). Actuellement directrice de l’ISLo, elle est aussi, depuis 2016, responsable du Master en logopédie.

Prix d’excellence de l’enseignement universitaire

Instauré en 2006, ce Prix récompense chaque année un-e enseignant-e de l’Université qui se distingue par l'excellence de son enseignement ainsi que par l'intérêt de sa vision pédagogique.

Les critères d'attribution sont les suivants:

• Qualité de l'enseignement
• Appréciation de l’enseignement par les étudiant-e-s
• Caractère innovant de l'enseignement
• Apport de l'enseignement à la formation des étudiant-e-s
• Intérêt pédagogique des activités d'enseignement-apprentissage proposées aux étudiant-e-s

Le prix est décerné chaque année dans une faculté différente. Le/la lauréat-e est choisi-e par un jury désigné par le décanat de la Faculté. Il est composé d'étudiant-e-s en cursus bachelor et master. Le prix, d'un montant de CHF 2000.-, est remis par le/la doyen-ne de la faculté concernée à l'occasion de la cérémonie de remise des diplômes.