Chytridiomycose
Une redoutable mycose touchant les amphibiens
La chytridiomycose est une maladie des amphibiens provoquée par les champignons Batrachochytrium dendrobatidis et Batrachochytrium salamandrivorans. Cette épizootie contribue au déclin global des amphibiens. En Suisse, le champignon Batrachochytrium dendrobatidis est observé en plusieurs endroits et sur plusieurs espèces d’amphibiens, et des animaux ayant succombé à la maladie ont également été découverts. Le champignon Batrachochytrium salamandrivorans n'a pas encore été trouvé en Suisse jusqu'à présent. L’Amphibian Conservation Action Plan de l’UICN décrit la maladie comme suit:
« In fact, there is growing consensus among scientists that the spread of chytridiomycosis has driven and will continue to drive amphibian species to extinction at a rate unprecedented in any taxonomic group in human history. »
(De plus en plus de scientifiques s’accordent à penser que la propagation de la chytridiomycose a mené et mène encore les amphibiens à l’extinction, et ceci avec une rapidité jamais observée chez aucun groupe taxonomique dans l’histoire de l’humanité.)
Des mesures préventives sont indispensables: les biologistes de terrain doivent impérativement désinfecter bottes, filets et tout autre matériel concerné afin de contenir autant que possible la dissémination de cet organisme.
D’où provient la maladie?
Des études génétiques récentes suggèrent également que la Chytridiomicose est très répandue et que seule une nouvelle souche, résultant de recombinaisons, est très dangereuse. Il semble que cette souche recombinante s’est rapidement propagée à travers le monde et a conduit à des problèmes.
Les souches endémiques locales semblent être relativement peu problématiques.

Un crapaud accoucheur crevé de la chytridicomycose (Peñalara, Espagne). La peau détachée est particulièrement bien visible.
Biologie de l’agent infectieux
L’infection se transmet dans l’eau, par des zoospores - phase mobile de l’infection. Les spores colonisent la peau des amphibiens et se développent en zoosporange, le stade multiplicateur du champignon. De nouveaux zoospores y sont constituées et vont se répandre dans l’eau une fois mûres, ce qui leur permet de contaminer d’autres parties de la peau ou d’autres individus. Aucun stade de résistance permettant au champignon de survivre des années dans l’environnement, n’a été décrit à ce jour. Cependant, il peut se maintenir comme moisissure libre, là où les conditions s’y prêtent; les zoosporanges peuvent survivre jusqu’à sept semaines dans l’eau douce et reprendre leur croissance une fois remis au contact d’une peau d’amphibien. Plus récemment, une souche dont le mode de reproduction sexué détonne avec les autres membres de ce groupe de champignon a été récemment observée. D'autres études ont démontré que le champignon peut également vivre sur les écrevisses et certains oiseaux d'eau.
Les toxines de la peau des différentes espèces d’amphibiens se sont révélées d’efficacité inégale face au champignon: certaines freinent la maladie, mais pratiquement sans jamais pouvoir empêcher l’infection. Certaines bactéries symbiotiques de la peau paraissent conférer une certaine protection face aux spores du champignon.
Menace sur les amphibiens indigènes
En septembre 2007, on a découvert pour la première fois des crapauds accoucheurs morts de la chytridiomycose en Suisse. En 2010, la première hécatombe de crapaud accoucheur a été observée dans le canton de Lucerne. A la suite d'une vague de froid au moment de la métamorphose, de nombreux juvéniles sont subitement morts en nombre. La présence du champignon dans un plan d'eau et son effet sur la mortalité des amphibiens semble reposer sur un équilibre précaire. Cet équilibre peut être rétabli en faveur des batraciens en aménageant des habitats optimaux, dans lesquels les populations de batraciens peuvent se développer, même en présence du champignon (à condition que les batraciens ne soient pas trop sensibles et que la souche du pathogène ne soit pas trop virulente). Les habitats optimaux sont des plans d'eau chauds, sans poisson et des milieux terrestres richement structurés.
Mesures à l’encontre de la propagation de la chytridiomycose
- Laisser sécher complètement matériel et chaussures, car le champignon meurt par dessèchement (attention, la boue déposée sur les semelles doit également sécher entièrement!).
- Chauffer (5 min. à 60°C suffisent).
- Désinfecter: par ex, avec de l’eau de Javel non diluée ou de l’alcool à 70% (attention, ces substances sont toxiques; ne jamais désinfecter à proximité de l’eau). Il existe plusieurs antifongiques, efficaces également contre la chytridiomycose. Le virkon s’est révélé approprié pour le terrain (plus d’informations en allemand sous www.tierarzneimittel.ch en recherchant pour « virkon »).
Que faire lorsque l’on trouve des amphibiens morts ?
Téléchargements - Liens
- Chytridiomycose (karch, 2013. PDF)
- Factsheet Neomyceten: Salamanderpest (Swissfungi, 2020)
Prévention de la propagation des maladies infectieuses
Les mesures d'hygiène dans les enquêtes sur le terrain aident à prévenir le transport de pathogènes vers d'autres sites. Chaque équipement (bottes, filets, bacs, épuisette etc.) doit être décontaminé par une des mesures suivantes:
- Laisser sécher complètement matériel et chaussures (attention, la boue déposée sur les semelles doit également sécher entièrement!)
- Chauffer (5 min. à 60°C suffisent)
- Désinfecter: par ex, avec de l’eau de Javel non diluée, de l’alcool à 70% ou Virkon S (ne jamais désinfecter à proximité de l’eau).
Protocole et informations complémentaires concernant les mesures d’hygiène:
- The DAPTF field work code of practice (anglais).
- Protocole d'hygiène (LPO Franche Comté)
- Livret photographique: principaux signes d'alerte chez les amphibiens malades (LPO Franche Comté)
- Proposition d’un protocole d’hygiène pour réduire les risques de dissémination d’agents infectieux et parasitaires chez les amphibiens lors d’intervention sur le terrain
- Amphibienkrankheiten - Einführung von Hygieneregeln in Nordrhein-Westfalen (D)
- Recommandation on biosafety measures for the prevention of thespread of amphibian and reptiles species diseases (englisch). Standing Committee Council of Europe.
Maladies: actualités
- Pilzkrankheit aus Asien bedroht Salamander und Molche in Europa
- Site web sur le champignon des salamandres Batrachochytrium salamandrivorans www.sossalamander.nl (en néérlandais et anglais)
- Ranavirus: deadly virus striking European amphibians . En Suisse, le Ranavirus n'a pas encore été observé sur des amphibiens vivants en liberté. Cependant des clarifications sont en cours.
Campagne: "Think Outside The Box"
Ce poster montre le lien entre les animaux exotiques (triton oriental) et le champignon Batrachochytrium salamandrivorans qui cause la Chytridiomycose chez les amphibiens.