Module pédagogique innovant "Approche clinique du droit" dans le cadre du cours "Droit des migrations et droits humains"
de la Prof. Cesla Amarelle
Responsables du module: Flora Di Donato et Stefanie Kurt
Se situant dans les Projets pédagogiques innovants retenus par le service de qualité de l'Université de Neuchâtel en 2015, le but du module "Approche clinique du droit", intégré dans le cours "Droit des migrations et droits humains", est de permettre aux étudiants d'apprendre que, au-delà de sa dimension technique, le droit est un produit social et culturel dont les êtres humains sont les protagonistes. Le dispositif d'enseignement envisagé dans ce module vise à soutenir les étudiants dans les activités d'analyse de problèmes juridiques, à travers une démarche novatrice basée notamment sur:
a) l'étude de dossiers portant sur des cas réels tirés du domaine de la migration;
b) la rencontre avec les protagonistes des cas en tant que "clients" et les acteurs du terrain (ONG; services sociaux; administrations; professionnels du droit);
c) le recours à des méthodes d'analyse et de déconstruction narratives des cas;
d) l'utilisation de formes interactives et coopératives d'apprentissage.
En lien avec "l'accès à la justice des personnes vulnérables" et avec l'actualité du droit des migrations, la thématique choisie pour ce premier cours pilote est celle des "femmes étrangères victimes de violences conjugales", dans le cadre de la mise en oeuvre de l'art. 50 de la Loi fédérale sur les étrangers (LEtr).
Le module s'est déroulé avec la participation active de représentantes des associations du terrain, telles que l'ODAE et le CSP qui contribuent à la production et à la diffusion des connaissances liées à ce champ et à la protection juridique et sociale des victimes.
En raison de la réussite de cette phase pilote, le module pourra être disposé à nouveau au semestre d'automne 2017 sous la forme d'un séminaire thématique dédié à la citoyenneté et à l'intégration.
Témoignages des étudiants:
"L'apport de témoignages directs était une première dans mon cursus universitaire. Il était vraiment intéressant de pouvoir bénéficier de cette forme de "rappel à la réalité", dans le sens où les cas que nous serons appelés à traiter dans notre pratique du droit seront des cas touchant des personnes concrètes et pas seulement une X ou un Y. Une formation à l'écoute nous manque cruellement alors que cette démarche semble indispensable pour pouvoir fournir ensuite un conseil approprié."
Matthieu Loup
"C'était la première fois que nous rencontrions une personne concernée par les cas étudiés en cours et cela a permis de leur donner le goût de la réalité plutôt que de la théorie abstraite. C'est bien de se rendre compte de la différence abyssale entre la froideur des écrits juridiques et un témoignage réel. Je pense que pour prendre une décision il faut réussir à trouver un équilibre entre les deux, entre l'aspect humain et le juridique."
Sarah Vincent
"Pour moi c’était pertinent de voir d’un côté le fait que les autorités parfois mettent en doute ce que les victimes disent et qu’il y ait des préjugés et d’un autre côté d’entendre que deux femmes par mois meurent par les conséquences de violence conjugale. La parole de Mme G* à mon avis a montré exactement cet aspect: derrière des lois et des arrêts il y a toujours des individus avec leur propre histoire. Ecouter Mme G* et en même temps être conscient de la possibilité que certaines autorités mettent en doute ce qu’elle dit a montré la situation précaire double dans laquelle des femmes comme Mme G* se trouvent."
Mira Ducommun
“Je ne fais pas mon master en droit mais en sciences sociales, cependant je trouve important qu'il existe un aspect pratique dans notre cursus. Avoir accès à des dossiers juridiques, à du vrai matériel en fait, plutôt qu'uniquement aux lois, pouvoir entrer plus en détail dans une affaire, avoir l'impression de mieux comprendre le cas dans son individualité permettent d'avoir une meilleure idée de ce qui attend les étudiants après leurs études. Non seulement la théorie et la compréhension de ce qu'est un raisonnement juridique mais également l'accès au "terrain" devraient faire partie de la formation.”