Communiqué

Expériences amoureuses du 3e type : une thèse embrasse les liaisons en ligne !

04 mars 2014

Mais qui sont ces couples qui batifolent sur le net ? Où est l’émoi des relations amoureuses en ligne ? Que vaut l’amour consommé - ou non ! - par le biais des TIC (Technologies de l’information et de la communication) ? Pour découvrir les dessous de l’intimité émotionnelle sur internet, entre enjeux et contradictions, Amaranta Cecchini, doctorante en sociologie de l’Université de Neuchâtel a embrassé cette problématique, « exotique mais encore peu étudiée ». La thèse qu’elle soutiendra ce vendredi porte sur le monde social en ligne Second Life. Sa plongée dans la sociologie des émotions et du couple met en évidence des mécanismes, en apparence contradictoires, de reconnaissance émotionnelle et de mise à distance de l’expérience amoureuse. Avec un constat: une liaison, toute digitale qu’elle soit, peut être intense et stable.

Complexe, ambiguë, la relation amoureuse en ligne peut reposer tant sur des références au modèle amoureux romantique que sur sa remise en question. « Mais plus j’avançais dans cette étude, plus j’ai constaté à quel point ces relations dites virtuelles sont profondément imbriquées dans la vie réelle des usagers », note Amaranta Cecchini, plutôt amusée d’apprendre que le film « Her » porte ce mois sur grand écran le récit d’une love story digitale.

Engagement amoureux à géométrie variable

Les situations affectives et conjugales des usagers dictent leur approche. Là où certains voudraient changer leur vie, d’autres voient au contraire dans leurs aventures virtuelles un rempart contre toute transformation de leur réalité.

Trois idéaux-types d’engagement amoureux ont été définis. L’engagement hors-ligne concerne les usagers désireux d’aboutir à une relation dans la réalité. Le deuxième, en ligne, fondé lui aussi sur une expérience émotionnelle non-simulée, reste toutefois limité à la plateforme ou à internet. Quant au dernier type d’engagement, dit fictionnel, il couvre les cas de simulation des sentiments, avec des échanges cantonnés strictement dans les limites de la plateforme.

Ils partagent leur vie depuis trois ans sans s’être jamais rencontrés !

Amaranta Cecchini partageait le préjugé selon lequel une relation nouée sur internet serait différente d’une relation “réelle”. « Mes analyses montrent qu’en dépit de la séparation physique, certains développent des rapports très intimes, conventionnels et routiniers, somme toute très semblables à une relation construite hors internet. « J’ai interrogé un couple où les deux partenaires partagent leur quotidien et leurs émotions depuis trois ans, mais sans s’être jamais rencontrés, ni souhaiter le faire ! » La doctorante note aussi que si des plateformes comme Second Life sont un espace privilégié d’intimité personnelle, permettant de nouer des relations parfois centrales dans la vie des usagers, celles-ci restent le plus souvent marquées du sceau du secret.

Le communiqué au format pdf

Contact :

Mme Amaranta Cecchini
Faculté des lettres et sciences humaines
Tél. 078 734 36 77


Directeur de thèse
M. François Hainard
professeur
Université de Neuchâtel

En savoir plus :

Soutenance de thèse
Vendredi 7 mars à 16h

Faculté des lettres et sciences humaines
Espace Louis-Agassiz 1
Salle R.N.08

«Intimités amoureuses à l’ère du numérique. Le cas des relations
nouées dans les mondes sociaux en ligne»