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Importance de l'oeuvre

les études genres

Les articles sur Edith Boissonnas, publiés de son vivant, sont majoritairement courts, parus dans la presse. Ils inscrivent l'auteure dans la promotion de la « poésie féminine » en France à partir des années cinquante. Boissonnas figure parmi les auteures de la première anthologie de poésie féminine réalisée par Marcel Réalu en 1953, et le Prix Max-Jacob, qu'elle obtient en 1967 avec L'Embellie, lui vaut un article de Jean Rousselot, « Pleins feux sur la Poésie féminine ».

L'article de Jane McLelland, en1983 (Contemporary Literature, XXIV, n°2), « Now that the Muse is writing : écriture féminine and contemporary french women's poetry », montre bien comment émerge un concept culturel d'écriture féminine. Elle note que, parmi les auteures concernées, Boissonnas fait partie de celles qui résistent à cette reconnaissance par le genre de leur talent d'écriture.

Dans la perspective des études genre, Edith Boissonnas s'inscrit alors parmi les auteures dont Valérie Cossy affirme qu'elles « ont elles-mêmes trouvé problématiques les assignations du féminin dans le champ littéraire » et ont tenté de se « préserver un accès à la Littérature au sens artistique et universel du terme ». L'ouvrage de Sylvie Chaperon, Les années Beauvoir 1945-1970 (Fayard, 2000) portent sur les années d'activités les plus intenses de Boissonnas, et l'ouvrage plus récent de Michèle Riot-Sarcey fait un bilan de l'Histoire du féminisme (La Découverte, 2008). C'est sous cet angle du féminisme conjugué à la question de la littérature romande que paraît un premier article universitaire sur l'auteure : en 2003, Dominique Kunz Westerhoff publie dans Versants (n° 46) un article où Edith Boissonnas est l'une des quatre auteures abordées : « Le figural au féminin. Quelques poètes de Suisse romande ». Dans les pages consacrées à Boissonnas, la critique pose la question du « neutre » au double niveau du rapport de l'auteure à la politique de son pays durant la Seconde Guerre mondiale et de son ambiguïté lyrique autour de l'identité sexuelle.

Critique et biographie

À cette approche genre de l'oeuvre de Boissonnas se conjugue, de son vivant, celle émanant du cercle de Jean Paulhan et de La Nouvelle NRF. Deux articles conséquents, véritables analyses critiques de longue haleine, sont à relever : tout d'abord, Jean Wahl, dans Critique, en décembre 1951, publie « Le privilège des sortilèges », à propos de Demeures. Il s'attache en particulier à la figuration multiple et complexe du sujet lyrique chez Boissonnas. Ensuite, Jacques Borel, publié dans La NRF n° 173, en mai 1967, alors que paraît L'Embellie, met le doigt sur cet « empire du secret » qu'est le « moi ». Il pointe ainsi avec justesse l'accord des préoccupations poétiques de Boissonnas et Paulhan en matière de représentation animale de l'intériorité mais aussi d'Henri Michaux avec lequel elle partage un imaginaire ethnographique, entomologique et tératologique.

Si la critique contemporaine de l'oeuvre reste modeste, la critique académique depuis la publication du dernier recueil d'Edith Boissonnas chez Gallimard en 1980, Etude, demande à être développée. C'est à Cyrille Gigandet et Jean Borie que nous devons, en 1998, le seul ouvrage la concernant bien qu'elle partage la vedette avec son mari, Charles Boissonnas, professeur de chimie à l'Université de Neuchâtel. L'ouvrage s'inscrit exclusivement dans une perspective biographique : Hommage à Edith et à Charles Boissonnas. Autour de la NRF et du Collège de Sociologie, publié par Droz. Il se présente avant tout comme un florilège d'inédits qui donne de bonnes indications sur l'importance du fonds.

Boissonnas et Gallimard

Stéphanie Cudré-Mauroux et Alban Cerisier présentent la « farouche » Edith Boissonnas dans le cadre du catalogue de l'exposition Gallimard et la Suisse. Un siècle d'affinités littéraires (Gallimard, 1999). Enfin, dans le cadre du centenaire de la revue, Dominique Kunz Westerhoff consacre en 2009 un article exclusivement à l'auteure, « Edith Boissonnas, ou la splendeur souterraine dans La NRF », dans le volume Les Ecrivains suisses et La Nouvelle Revue française, dirigé par Daniel Maggetti (Garnier, 2009). Comme on le voit, c'est surtout dans les études sur les Éditions Gallimard et la revue qu'apparaît Edith Boissonnas, et plus particulièrement lorsqu'elles touchent aux rapports avec les écrivains suisses.